1438 - Le nouveau bistrot 126 posts

 

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 Le goût du drame  - ChallengeS   
 Sophie de Menthon, édito
 
EDITO - Nous renvoyons en permanence une
image désespérante des élus, du président, le doute et la méfiance
dominent. Tout prend des proportions inquiétantes. D’où ce besoin
d'unité nationale et populaire des Français
        

Est-ce une spécificité française ? Est-ce de la responsabilité des médias ? Est-ce l'ambition politique qui fait feu de tout bois ? En tous les cas, le résultat est là : l'atmosphère est irrespirable, et pas seulement à Rouen.

 

L'actualité est puissamment anxiogène et contribue certainement à ce que nous soyons les premiers consommateurs d'antidépresseurs. Le fait est que le monde va plutôt mal, mais il y a une sorte de paroxysme dans les réactions des Français qui fait que nous nous complaisons dans la désespérance, dans la lutte contre le changement qui fait peur et surtout dans une exploitation nauséabonde de nos propres peurs.

 

Besoin de communion d'un peuple

On ne peut que se poser des questions sur les gros titres qui viennent de se succéder à 24 heures d'intervalle : la mort de Jacques Chirac et l'incendie de Lubrizol (l'usine classée Seveso). L'accident attendant la fin des cérémonies funéraires pour être bien exploité médiatiquement. Rien à voir a priori, sinon le reflet d'un climat sociétal. D'abord l'emballement populaire et médiatique (la poule et l'œuf ?) autour de la disparition de l'ancien président de la République est stupéfiant et inattendu à plusieurs titres, mais révèle surtout le besoin absolu de communion d'un peuple. Nous recherchons ces moments d'unité nationale dans la douleur, qu'il s'agisse des attentats ou de tout autre drame qui nous touche. On pourrait espérer que cette communion se fasse également à l'occasion d'événements heureux mais non : si c'est festif, la fête est vite gâchée par des "troubles d'ordre public", comme on dit.

 

Nous avons pleuré Jacques Chirac parce que nous préférons nos présidents morts, alors que nous ferions mieux de les aimer un peu plus de leur vivant pour qu'ils aient des chances de faire des choses utiles !

Nous avons pleuré la disparition incarnée d'une époque révolue et sympa, un peu franchouillarde (dans le bon sens du terme) : on clopait partout, on était libres, les valeurs étaient claires, une certaine discipline rassurait, on n’avait pas peur des steaks frites, les féministes étaient de gentilles suffragettes et les ours polaires étaient heureux au Pôle Nord... Une nostalgie telle que nous avons oublié à quel point le regretté Jacques Chirac était en son temps peu apprécié des Français et que l’on pouvait lui reprocher tout ce que l'on reproche aux dirigeants politiques actuels : emplois fictifs, mise en examen, changements de cap, erreurs politiques, gaffes... Peu importe, il était "bien Français" et c’est le principal ! Il nous aimait, ce qui fait tout lui pardonner… et pourtant de fait, nous ne l'aimions pas tant que ça, à l'époque Bernadette Chirac soupirait : "Les Français n'aiment pas mon mari". Le résultat aujourd'hui c'est que la consommation de tête de veau, son plat favori, a doublé ces derniers jours ! C’est bien cette unité nationale de culture et d’identification que nous avons recherchée et il faut en prendre conscience, nous avons besoin de "faire peuple" mais nous ne sommes capables de le faire que dans le drame.

 

L'exploitation du sensationnel

Mais l'exploitation médiatique des drames finit par nous faire perdre nos repères, nous ne savons plus quelle est la réalité et l'importance des événements. Ainsi le deuil national à peine terminé les médias ont-ils "rebondi sur l’actualité. La division nationale a pu reprendre avec son cortège de fausses nouvelles, de suspicion et de théories du complot qui viennent tout falsifier (on s'est même posé des questions sur la concomitance de l'accident avec la mort de Jacques Chirac (Sic !).

L'unanimisme médiatique des sujets exploités contribuent à créer la polémique et le doute au quotidien. Et nous sommes tous responsables et coupables de jouer ce jeu : les opposants politiques qui immédiatement crient que le pouvoir a manqué à tous ses devoirs quel que soit le sujet, le préfet suspecté et, par tradition, supposé nul et aux bottes du pouvoir, les scientifiques qui se taisent le temps d'analyser et l'entreprise bien sûr responsable et diabolique... On interroge les victimes, dont la mère de famille qui n'envoie plus ses enfants en classe : il vaut mieux qu'ils respirent l'air de chez elle plutôt que celui de l'école qui est à 100 mètres...

 

Nous nous renvoyons en permanence de nous-mêmes, de nos élus, de notre président, une image désespérante et sans véritable fondement. La vérité et le bon sens sont bafoués au nom de l'exploitation du sensationnel. Ainsi, dans le cas de l'incendie de l'usine : Faut-il inventer pour avoir l'air compétent ? Faut-il mentir pour rassurer ? Faut-il semer la panique, ce qui prouverait qu’on nous dit la vérité ?

Tout prend des proportions inquiétantes et on comprend d'autant mieux ce besoin d'unité nationale et populaire, mais on ne peut pas enterrer un président de la République toutes les semaines... 

 

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nicolas_regny_1 (002).jpg                                                                                      Nicolas Régny nouveau secrétaire général de la Préfecture du Lot

 

 

 

 

 

 

 

 Nicolas Régny nouveau secrétaire général de la Préfecture du Lot

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Leon Gambetta Marc Lagaly FB

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03/10/2019
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