Guy Konopnicki

Nous venons d'assister à une chasse à l ' homme menée au nom de la morale et de la liberté de la presse. Loin de moi l ' idée de justifier les dérapages, s'agissant d'argent public. Mais mon modèle de liberté de la presse, c'est Zola défendant un innocent dans le journal de Clemenceau et non les journaux à scandale, gonflant une faute, s'acharnant sur un homme, en le livrant en pâture. Le tout, sur fond de puritanisme moderne. Fort heureusement, nous ne sommes pas en Scandinavie, mais en France, premier exportateur mondial de produits de luxe. La France, pays d'un certain art de vivre, avec ses vins, sa gastronomie, son élégance. La patrie de la liberté de l'esprit et du libertinage. L'égalité n'est pas l'abolition des richesses, mais leur juste répartition. Il faut, sans nul doute, des règles de droit, une stricte règlementation de l'utilisation des ressources publiques par les représentants de la nation comme par les fonctionnaires. Mais les palais de la République ne sont pas des monastères, la promotion du goût français est, aussi, une de leurs missions. La faute de François de Rugy réside dans le choix des convives et l'objet même du dîner. Ce n'est pas un crime d'Etat. Cela ne méritait pas cet acharnement sur un homme, cette recherche systématique des fautes qu'il aurait pu commettre. Je suis terrifié par ce que je lis sur les réseaux sociaux, par cette manière de piétiner un homme à terre. Je refuse de me joindre à la meute quand je m'exprime ici, comme dans Marianne ou sur LCI. Ce qui me vaut des torrents d'insultes, naturellement, mais qu'importe. Je persiste

Axel Kahn