1387- Patrick Venries à la direction de "Sud-Ouest" 6 posts

Portrait

Patrick Venries, de la rédaction à la direction de « Sud Ouest »

Le grand journal de Bordeaux renoue avec sa tradition en nommant à sa tête un journaliste ayant fait l'essentiel de sa carrière dans la maison.      
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Patrick Venries, président du directoire de Groupe Sud Ouest.

Thierry David

Par Frank Niedercorn  Publié le 05/05 à 21h47 LES ECHOS (Tech Medias)

 

La nomination de Patrick Venries comme président du directoire de Groupe Sud Ouest n'a pas surpris dans la maison. Il est de tradition que le groupe de presse soit dirigé par un journaliste. Olivier Gerolami, qui quitte son fauteuil après avoir désendetté l'entreprise et lancé le chantier de sa numérisation, en créant notamment un incubateur, était le premier à ne pas avoir sa carte de presse. Surtout, à 60 ans, le nouveau patron a méthodiquement grimpé les échelons. Même s'il assure « n'avoir jamais anticipé cette trajectoire », Patrick Venries, qui prend les rênes ces jours-ci, s'était préparé : « Je n'ai jamais limité mon intérêt au seul métier de journaliste, et j'ai toujours considéré qu'une entreprise de presse, ce n'est pas seulement une rédaction. »               

La peste noire de 1348

C'est pourtant bien comme journaliste que Patrick Venries s'est d'abord fait remarquer. Ce natif de Cahors démarre sa carrière en 1982 à « La Dépêche du Midi ». Le littéraire a fait Khâgne et Hypokhâgne, mais raté Normale sup, et décroché, à l'université, deux licences de philosophie et d'histoire de l'art, assorties d'une maîtrise d'histoire avec un mémoire sur la peste noire de 1348... Il songe à l'enseignement, comme ses parents. Mais à l'époque les places sont rares et, franchement, en y réfléchissant, il ne s'est « jamais vu prof ». Ce sera donc la presse. D'autant que, pendant ses études à la fac du Mirail, il est déjà correspondant du quotidien toulousain.

D'abord titulaire d'une rubrique loisirs, il est envoyé en 1987 à Agen comme « fait-diversier » et reporter sportif. Le temps de faire ses preuves sur un territoire où la concurrence est forte avec « Sud Ouest », qui finit par le recruter en 1990 pour le propulser chef adjoint de l'agence d'Angoulême. Une aubaine. Il quitte un journal, propriété de la famille Baylet, dans lequel il est « très en froid » avec la hiérarchie et se rapproche de sa femme, enseignante à Bordeaux. Il est aussi en mission car, à Angoulême, il faut faire face à la « Charente libre ».

Plusieurs coups d'avance

A peine deux ans plus tard, il prend la direction de la « locale » de Bordeaux. C'est la fin de l'époque Chaban. Une ère « déliquescente » éclaboussée par une série de scandales : « J'étais au milieu de ces jeux d'influence, la période était intense et la rédaction très mobilisée », raconte celui qui deviendra chef des informations départementales pour la Gironde, puis rédacteur en chef du quotidien. « Il a un réel savoir-faire pour détecter et promouvoir les gens utiles au journal mais aussi à lui-même. Il a souvent plusieurs coups d'avance et sait où il va car il est très ambitieux », analyse un confrère.

Sphinx taiseux

Même s'il joue toujours profil bas, au petit jeu de la course au pouvoir, il sait se placer et faire valoir ses qualités. Quitte à écarter les rivaux. En 2006, il décroche le titre de directeur de la rédaction et, l'année suivante, celui de vice-président du directoire, et enfin en 2012 le poste de directeur général délégué.

Dès lors, il pilote le passage au numérique, conduit un plan de départs volontaires et met en place un projet d'entreprise. Si, en public, Patrick Venries affiche un profil de sphinx taiseux, il change de physionomie en petit comité et devient même chaleureux en privé. « Il est habile avec un côté séducteur », tempère un ex-journaliste. Une méthode efficace. « Il a très bien su négocier avec le Syndicat du livre, car il est capable de discuter jusqu'à 2 heures du matin », se rappelle un autre ancien. L'an dernier, n'a-t-il pas désamorcé une crise avec la rédaction, qui vote une « motion de défiance » ?

Ce père de deux enfants trentenaires, dont le neveu adopté au décès de sa soeur, se donne désormais trois ans pour continuer la mue du journal vers le numérique. Dans un contexte préoccupant de baisse continuelle de la diffusion, « il s'agit de faire pivoter toutes les activités vers celles des 10 ou 15 prochaines années. »

               

Frank Niedercorn (Correspondant à Bordeaux)



06/05/2019
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