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La voiture électrique, une solution miracle pour la Norvège?

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Le pays fait tout ce qu'il peut pour développer au maximum ce type de transports. Si ce modèle n'est pas parfait, ni exportable, on peut quand même en tirer plusieurs leçons.

La vente de voitures électriques pourrait atteindre 50 % du marché cette année dans le pays. | Free-Photos via Pixabay                      
La vente de voitures électriques pourrait atteindre 50 % du marché cette année dans le pays. | Free-Photos via Pixabay             
        

Presque un tiers des voitures vendues en Norvège: c’est le score qu’a atteint le marché des voitures électriques en 2018. Grâce à de nombreuses motivations financières de l’État et une diversification de l’offre, de plus en plus de Norvégiens optent pour la solution du véhicule à batterie ou hybride afin de se déplacer.

Aleksander Tveit, contrôleur financier, est l’un de ces Norvégiens qui a sauté le pas en 2018 avec l’achat d’une Nissan Leaf 2013 «améliorée», c’est à dire que la bobine de chauffage a été changée en pompe à chaleur dans le système de climatisation. «Ça consomme moins d’électricité et chauffe plus vite», raconte Aleksander Tveit. «Je suis passé à la voiture électrique pour plusieurs raisons. Je participe à leur essor par cet achat dont les bénéfices reviennent aux gens qui développent cette technologie. Financièrement, le prix aide à la décision car les aides rendent ces voitures économiques à l’achat. J’économise notamment en ne payant pas la TVA et les péages. Mais ce qui me rend le plus heureux est que dans un pays froid comme ici, quand j’entre dans ma voiture à -5° et la démarre, l’air chaud arrive immédiatement.»

 

 

Rendre la conduite verte

L’État norvégien s’est impliqué dès le début du marché dans les années 1990 pour pousser au passage à l’électrique, bien que le marché n’ait vraiment pris qu’à partir des années 2010 et de la diversification de l’offre. Aujourd’hui, les droits d'importation, les taxes d'enregistrement et les taxes de vente sur les véhicules lourds pour les acheteurs de voitures électriques ont été supprimés. Les propriétaires n'ont pas à payer de péage sur les routes et bénéficient de l'utilisation gratuite des ferrys et des voies de bus dans les centres-villes saturés à partir du moment où il y a plus d’une personne dans le véhicule. Graduellement, les taxes sur les voitures traditionnelles seront augmentées, car cette opération coûte environ un million d’euros au gouvernement chaque année.

Ces mesures sont appréciées par la population, car la taxe d’enregistrement coûte entre 5.000 et 10.000 euros par véhicule et la TVA sur les véhicules importés est à 25% en Norvège. Résultat, en 2018 les voitures électriques représentaient 31,2% du marché total, soit une augmentation de 10% depuis 2017. Dans ce pays de 5,3 million d’habitants, environ 30% des nouvelles voitures sont électriques, contre 2% en Europe et 1 à 2% aux États-Unis. Les voitures viennent des pays voisins, principalement de France.

 

Une pollution minime

La première conséquence positive de ce changement réside dans la baisse d'émissions carbone au transport, électricité étant principalement «propre» grâce aux à l’énergie hydrocarbure. La principale pollution de ces véhicules réside dans leur fabrication. «Étant donné que la plupart des batteries sont fabriquées en Chine, où la génération d’énergie dépend largement du charbon, la phase de fabrication est plutôt polluante», explique Pierpaolo Cazzola, coordinateur de rapports à l’Agence internationale de l'énergie.

«Que les véhicules électriques soient capables d’émettre moins, au cours de leur cycle de vie, dépend de l’intensité en carbone de la production d’énergie. Dans des pays comme la France ou la Norvège, où la plupart de l'électricité est générée à partir de sources à faible émission de carbone, les véhicules électriques émettent beaucoup moins que les autres par kilomètre au cours de leur vie. Vu que l’électricité est la forme d’énergie dont le mix énergétique primaire est le plus divers, les véhicules électriques offrent de bons avantages en termes de diversification énergétique et, dans les cas où la production d’électricité contient une grande part d’énergie primaire à faible émission de carbone, entraîne également des baisses importantes des émissions de gaz à effet de serre.»

Un des potentiels facteurs polluants de la voiture électrique serait sa batterie, car il n’existe pour l’instant pas d’installation permettant le recyclage de cet équipement. «Les batteries pourraient être réutilisées en supplément pour les panneaux solaires chez soi, ou s’ajouter à des banques énergétiques», dit Petter Haugneland, responsable de la communication de l’Association norvégienne des véhicules électriques. «On doit aussi pouvoir les recycler quand elles deviennent trop âgées, mais ce n’est pas encore un problème aujourd’hui. Dans quelques années, il sera possible de les rendre économiquement viables au travers du recyclage, la Norvège travaille actuellement à trouver une solution. Nous sommes aussi inquiets de l’utilisation de produits de l’industrie minière comme le cobalt congolais, extrait dans des conditions humaines lamentables. Il faut pouvoir convaincre les fabricants d’être plus transparents et de refuser de travailler avce des producteurs exploitant les gens.»

Il n’y a pas encore de production locale de voitures électriques, forçant la Norvège à les importer, ce qui serait aussi polluant. Des tentatives ont déjà échoué, de 1999 en 2003 puis de 2006 à 2009, mais les entreprises ont été rapidement mises en faillites. «La production de véhicules est très coûteuse donc c’est difficile de se lancer au début», explique Erik Figenbaum, expert à l’Institut d’économie des transports (TØI). «Mais la Norvège développe des batteries pour les ferrys destinés à l’importation, car le pays a un avantage compétitif dans tout ce qui est relié au marché maritime. C’est là que la pollution peut être décrue dans le processus d’importation.»

 

Des problèmes pratiques d’usage

D’autres problèmes, au niveau individuel, peuvent faire douter le consommateur norvégien dans l’achat d’un véhicule électrique. Le premier est le manque de voitures dont la batterie permet de durer plusieurs heures de conduite, dans un pays où les distances peuvent être parfois longues entre le domicile et le travail. Paudy Kenny, une plombière irlandaise résident en Norvège depuis sept ans, compte déménager en-dehors de la ville de Bergen où elle réside actuellement: «Il y a plein de stations de chargement en ville, mais comme je compte changer pour une voiture électrique du fait du coût élevé des combustibles fossiles, le fait de pouvoir charger la voiture sera un facteur déterminant dans le choix de ma prochaine résidence.»

Ce problème a aussi une solution dont le gouvernement s’occupe actuellement. «La Norvège installe des stations tous les 50 kilomètres dans tous le pays, y compris les zones rurales», détaille Petter Haugneland. «Chez soi, tout le monde peut avoir une prise de recharge, y compris dans les parkings des immeubles si le comité de résidence le juge nécessaire, ainsi qu’au travail. Mais les stations de recharge ne couvrent pas encore toute la Norvège. Le prochain défi est de les installer sur les petites routes afin de combler l’écart.» Il existe aussi de plus en plus de véhicules «à forte portée», dont les batteries durent plus longtemps, mais ils ne sont pas encore très abordables pour le consommateur moyen.

C’est aussi un problème dans les villes à forte densité comme à Oslo, où peu de places de parking sont disponibles et la recharge rendue mission impossible. En conséquence, peut de résidents du centre-ville de la capitale sont intéressés par l’achat d’une voiture électrique. Pour l’usage quotidien, la voiture électrique est préférée pour les trajets courts et la voiture traditionnelle pour les longs, comme les visites au village d’origine le week-end.

 

Un transport plus vert combine plusieurs solutions

Pour Kristian F.L. Amlie, qui se décrit comme un «enthousiaste des transports verts» et faisant partie de l’association Vie durable –Groupe de transports et de l’ambassade de covoiturage norvégienne, estime que la voiture électrique est «l’une des solutions» à une vie plus durable. «Nous avons besoin d'un mix de transports où il est facile de changer de mode de transport», détaille-t-il. «Par exemple, je prône la combinaison de vélos, transports en commun, covoiturage, voitures électriques partagées et voitures à essence pour des trajets de plus de 300 km. Le moyen le plus simple d’obtenir des transports plus durables consiste à faciliter le passage d’un mode à l’autre. C'est un faible investissement, mais pas très populaire pour les politiciens. De nombreuses recherches montrent que, lorsque de nouvelles méthodes de transport, telles que le vélo électrique ou le vélo cargo, sont utilisées, les personnes concernées acquièrent une expérience particulière qui entraîne un changement durable des habitudes de déplacement.»

La vente de voitures électriques pourrait atteindre 50 % du marché cette année en Norvège, un record dans le monde, mais il existe encore de nombreuses initiatives à développer afin que les transports du pays puissent se revendiquer «verts» à 100%. Le modèle norvégien de passage à l’électrique est aussi difficilement exportable, même s’il offre des idées qui pourraient être reproduites dans d’autres pays en cas d’investissement réel des autorités concernées.



05/03/2019
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