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Macron : pourquoi il ne faut pas l ' enterrer

 

Il faut être fort pour fâcher Gérard Larcher. Emmanuel Macron a réussi cet « exploit » au début de la semaine, en invitant dans sa lettre les Français à réfléchir – entre autres – à l’avenir du Sénat, et surtout en omettant d’en avertir le président de la Haute-Assemblée. « Quand il a fallu faire voter en urgence ses mesures sociales fin décembre, il a pourtant su me trouver », grommelait quelques jours plus tard le président du Sénat. Les deux hommes ont eu lundi, avant un déjeuner qu’ils partageaient avec le Premier ministre et le président de l’Assemblée, une explication virile mais correcte. « Je lui ai demandé si l’on pouvait avoir des relations de confiance ou si l’on s’en tenait à des rapports strictement protocolaires », raconte Larcher. Qui n’est pourtant pas, à droite, le plus mal disposé à l’égard du chef de l’Etat.

Si l’on rapporte cette anecdote, c’est parce qu’elle illustre le risque de « rechute » qui guette à tout instant ce jeune président, intelligent et volontaire, mais aussi trop pressé et si sûr de lui. Un président qui est entré cette semaine en phase de reconquête et qui pourrait fort bien réussir dans son entreprise, même s’il faut rester prudent, surtout le samedi, ces samedis noirs et jaunes qui se succèdent au grand dam d’un nombre croissant de Français.

« Il ne peut y avoir entre les Français et moi d’incommunicabilité. J’irai au contact, je leur parlerai », promettait Emmanuel Macron après son élection devant deux journalistes qui rapportent ces propos dans un livre[1]. Mardi, Emmanuel Macron accomplissait donc un autre exploit, positif celui-là. Il tenait près de sept heures dans le gymnase du petit village de Grand Bourgthéroulde face à une assemblée de 653 maires. Certes, il est plus facile de s’adresser à des gens qui arborent une écharpe tricolore qu’à d’autres qui portent un gilet jaune. Mais la salle n’était pas acquise d’avance, surtout après dix huit mois de relations tendues entre pouvoir central et élus locaux ; Emmanuel Macron a pourtant su la retourner. Arrivé dans une ambiance mitigée, il est reparti sous les ovations. Venus nombreux, les journalistes étrangers en sont resté estomaqués. « Je suis sûre que s’il était allé sur des ronds-points au début de la crise, il aurait aussi retourné les gilets jaunes », nous confiait une correspondante du quotidien belge « Le Soir ». Le chef de l’Etat a rééditée la performance vendredi à Souillac.

Le grand débat, ça peut marcher. Cela peut au moins faire baisser la tension et résorber une partie de la crise sociale. En tout cas éviter une crise politique. Face aux risques inconsidérés que représenteraient pour lui un référendum ou une dissolution, c’est en tout cas ce qu’a trouvé Emmanuel Macron. Si, selon un sondage Elabe, 64% des Français ne pensent pas que cela permettra de trouver des solutions et si 70% n’envisagent pas d’y participer, cela fait tout de même près d’un tiers des 66 millions de Français qui sont prêts à apporter leur contribution. Surtout l’image qu’ils ont de ce débat s’est beaucoup améliorée en une semaine.

Autres bonnes nouvelles pour le Président, la remontée de sa côte de popularité et la bonne tenue des intentions de vote pour la liste En Marche aux élections européennes. Selon les instituts, il gagne entre cinq et sept points en un mois, pour retrouver des niveaux encore très bas mais supérieurs à son socle du 1er tour de la présidentielle (entre 28 et 30%). Une remontée essentiellement due à l’électorat de droite, exaspéré par le désordre et sensible au discours d’autorité que tient le Président depuis ses vœux du 31 décembre. D’autre part, selon l’IFOP, une liste En Marche gagnerait cinq points pour se retrouver à 23% d’intentions de vote. Et peut-être en tête, devant le Rassemblement national… si une liste Gilets Jaunes (créditée de 7,5% des voix) voyait le jour…

De quoi voir l’avenir en rose ? La situation est trop mouvante pour que l’on puisse l’assurer. Mais le décembre noir semble aujourd’hui s’éloigner. A condition, bien sûr qu’Emmanuel Macron ne retombe pas dans ses menus travers. Au débat de mardi par exemple, il a plus parlé qu’écouté, même si les maires ont pu longuement prendre la parole. Il y a aussi ces petites phrases, qu’il ne peut s’empêcher de lâcher sans imaginer leur portée provocante, surtout si elles sont sorties de leur contexte. Ainsi dans l’Eure a-t-il évoqué ces pauvres « qui déconnent » parfois. Polémique assurée.

Macron a promis de se rendre dans toutes les régions métropolitaines d’ici au 15 mars, soit encore onze réunions publiques. Avec le risque de lasser, et que l’on ne retienne plus la « performance » mais les saillies qu’il aura lancées ici ou là. Mais aussi avec l’espoir que ce Grand Débat, avec ou sans lui, mette enfin un terme aux violences et aux blocages.

 

Bruno Dive

 

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20/01/2019
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