Terrible retour sur Terre ! L'attentat au marché de Noël de Strasbourg nous ramène, individuellement et collectivement, à des considérations essentielles, à ce qui fonde nos libertés, nos solidarités, notre culture, bref à un choix de civilisation dont nous savons qu'il est partagé par la quasi-totalité de notre peuple. Une nouvelle fois, comme à chaque fois lorsqu'il s'agit du terrorisme islamiste, nous voilà frappés pour ce que nous sommes, pour notre mode de vie, pour notre désir d'être ensemble et si possible heureux, pour notre foi en l'humanité…

Strasbourg l'Européenne, Strasbourg la ville de grande culture, mais aussi Strasbourg au goût sucré de Noël, la danse des lumignons, une odeur d'insouciance, nos envies de consommations grandes et petites qui en ces jours sacrés gagnent toutes les familles, pas forcément les plus riches ni les plus chrétiennes : le lieu et le moment choisis portent la signature de ceux qui veulent délibérément nous détruire.

Cet attentat nous ramène à des scènes et à des cris que nous avions pour un temps refoulés. « Charlie », Nice, Trèbes… Nous étions passés à autre chose. Nos colères, nos combats pour la justice sociale, nos impatiences, notre volonté de renverser la table jusqu'à cette envie têtue de casser, de se frotter aux flics : drôle d'emploi du temps, surtout les samedis. Nous n'avions pas mesuré, dans nos nouvelles passions utiles ou futiles, les avertissements laissés par une histoire récente. Nous nous acharnions à maudire le système qui laisse en effet tant de malheureux sur le bord du destin, mais eux, les assassins de Dieu, n'avaient pas oublié que nous formions tous, gilets jaunes ou non, une cible de choix. Dans l'ambiance délétère de cet automne français, la fusillade de mardi peut-elle nous réveiller ? Et nous rappeler que nous sommes un seul et même peuple.