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IMMIGRATION, ON SE CALME!
BRUNO DIVE
Voici revenu le temps des outrances sur les sujets inflammables. Macron devant des barbelés, dans un journal de gauche ; Macron devant des minarets dans un journal de droite. Macron forcément coupable, ici de manque d’humanité envers les migrants, et là de complaisance envers l’islam. On se calme ! Ces questions hautement sensibles n’ont pas besoin de caricatures ni de photomontages, qui font peut-être vendre du papier, mais certainement pas avancer ...le débat. C’est pour l’heure l’immigration qui polarise les passions. Le débat a ceci d’extraordinaire qu’il tourne autour d’un projet de loi à venir dont personne ne connait encore le contenu. Mais en décembre, une circulaire du ministre de l’Intérieur a mis le feu aux poudres, car elle autorise des contrôles dans les centres d’hébergement. Les députés En Marche s’émeuvent, et il n’en faut pas plus pour que ressurgisse le spectre des frondeurs ; les associations sont vent debout, ce qui évoque les heures chaudes des ministères Pasqua ou Sarkozy ; et le gouvernement rame pour calmer tout le monde.
Quoi que l’on pense, le phénomène migratoire qui touche l’Europe depuis 2015 n’en est qu’à ses prémices. Les réfugiés syriens, les demandeurs d’asile afghans, ou les crève la faim d’Erythrée, ne forment que l’avant-garde d’une vague que le dérèglement climatique – et les guerres qui en découleront – ne feront que grossir. Plutôt que de nier ou de refuser le phénomène, mieux vaut s’y préparer. Plutôt que de manier l’invective ou de brandir les bons sentiments, mieux vaut établir posément les critères d’admission et les conditions d’accueil. La France peut-elle accueillir toute la misère du monde ? Non, mais elle peut avoir besoin de main d’œuvre, de médecins ou d’ingénieurs. La France doit-elle n’accepter que les réfugiés politiques ? Non, car comment fermer la porte à tous ceux qui fuient la guerre ou la misère ? Faut-il réduire les délais d’instruction des dossiers et ceux qui précèdent la reconduite à la frontière pour les déboutés ? Oui, mais cela demande surtout plus de moyens, plutôt que cette énième loi que l’on nous prépare.
Comme toujours, c’est au niveau européen que devrait être édictée une véritable politique migratoire. En France, le gouvernement serait bien inspiré de travailler avec les associations, sans se laisser intimider par ceux qui l’incitent à l’angélisme à coup de « unes » infâmantes et déplacées.