1308- Martin Malvy souhaite que Macron réussisse (La Vie Quercynoise) 24 posts

Entretien avec Martin Malvy.« Je souhaite qu’Emmanuel Macron réussisse, car je ne veux, ni de… ni de… »

Martin Malvy nous livre son approche de la vie politique nationale et lotoise. Lui, socialiste de la première heure, entretient un regard bienveillant envers le Chef de l'État et nous explique pourquoi. Il nous confie aussi ce qui l'a motivé durant sa carrière.

        
Martin Malvy, militant et élu socialiste.

Président de Région durant 18 ans, maire de Figeac durant 20 ans, ancien ministre, ancien conseiller général, aujourd’hui Président du Grand Figeac, Martin Malvy voit également son nom étroitement lié au Parti socialiste. N’empêche, il ne cache pas son soutien à Emmanuel Macron, dont il souhaite la réussite, notamment sur le volet de l’économie et de l’emploi.

Dans notre précédent entretien (parution de La Vie Quercynoise n° 3754 page 21), Martin Malvy a évoqué les principaux ingrédients constitutifs à ses yeux, de la réussite du développement économique du Grand Figeac, avec en particulier, le phénomène de la sous-traitance et de l’essaimage, dans le domaine de l’aéronautique.

La rencontre se poursuit à présent sur le terrain du militantisme politique, avec une question de transition concernant la création des start-up.

 

N’est-ce pas aussi cela le succès de l’économie figeacoise : favoriser la création de start-up, attirer des diplômés de haut niveau, qui peuvent même devenir des représentants et des ambassadeurs du Figeacois, y compris sur le terrain politique ?

Je ne sais si cela peut être le cas sur le terrain politique… Mais sur le terrain de la démonstration d’un travail accompli d’une manière permanente, en concertation avec le monde des responsables économiques, incontestablement c’est ce qui a marqué la vie économique figeacoise. Tout au moins, c’est l’orientation qui a été la mienne durant ces dernières décennies.

Je savais nos difficultés figeacoises de développement, nous sommes entourés de territoires qui ont connu ces soucis. Je savais qu’il fallait faire autrement. Aujourd’hui, nous avons la satisfaction de constater la réussite que cela a apporté en matière de vitalité économique.

 

Est-ce illustratif de ce qu’il faut faire ailleurs ?

Je n’en sais rien. En tout cas, ce dont je suis persuadé, c’est que s’il n’y a pas un travail permanent entre les entreprises, les entrepreneurs et ceux qui décident au niveau de la collectivité, il n’y a pas de réussite possible. Je suis très reconnaissant au vice-président que le Grand Figeac a compté en matière économique, en la personne de Jean-Claude Lugan, durant des années. Je pense à Vincent Labarthe aujourd’hui qui a pris le relais ; tous deux des élus de terrain, en permanence en veille et en contact avec moi. Ils ont chacun en leur domaine largement contribué au développement économique qui a été créé.

« L’échec de Macron signerait l’échec de la France »

2017 marque un tournant majeur dans la vie politique française, avec les partis traditionnels qui volent peu ou prou en éclat, laissant place à l’émergence d’un mouvement politique, qui se veut au-dessus des clivages droite – gauche. Comment percevez-vous cette ligne politique d’Emmanuel Macron ?

Nous sommes à un moment de notre histoire politique qui est particulier et dont personnellement je souhaite qu’il réussisse. Parce que si Emmanuel Macron devait échouer, ce n’est pas seulement l’homme politique qui échouerait, c’est le pays tout entier qui échouerait, car aujourd’hui il ne resterait d’alternative que Mélenchon ou Le Pen. Je ne confonds pas les deux, mais je ne veux ni de l’un, ni de l’autre.

En politique on ne peut jamais être d’accord sur tout. On peut être en désaccord sur certains projets et néanmoins souhaiter la réussite d’une démarche nouvelle. La France est la cinquième puissance du monde. Elle bat le record du chômage.

Personne ne peut prétendre que des réformes ne sont pas nécessaires. C’est la raison pour laquelle je souhaite fortement la réussite d’Emmanuel Macron, dans les domaines majeurs de l’économie et du social. Ce n’est pas facile. Nos concitoyens ont eu le sentiment, vrai ou faux, que les formations politiques traditionnelles de gauche et notamment le Parti Socialiste, que les formations traditionnelles de droite notamment l’UMP, avaient échoué dans leur mission. Est-ce vrai ? En tout cas, le résultat est là.

Incontestablement, ce qui était attendu de nos concitoyens n’est pas arrivé et notamment au niveau de l’emploi et du chômage. Il n’est pas normal que la France qui reste dans le peloton de tête des puissances mondiales, soit aussi le pays qui connaît le plus fort taux de chômage en Europe. C’est totalement anormal. Mais on ne peut pas en rendre responsable les politiques, si on n’accepte pas un certain nombre de réformes. Je pense qu’Emmanuel Macron a été effectivement élu pour assurer des réformes.

« Les familles politiques vont se recomposer… »

Quel positionnement les formations politiques traditionnelles peuvent-elles adopter face à un mouvement qui se veut ni de droite, ni de gauche ?

En ce qui me concerne, je ne suis pas de ceux qui pensent que droite – gauche cela ne veut rien dire. D’ailleurs on voit bien aujourd’hui dans les commentaires, que telle réforme apparaît plutôt comme étant de droite, telle autre plutôt comme étant de gauche… Je pense que dans le temps, les familles traditionnelles se recomposeront. Ne serait-ce que parce qu’à l’approche des futures Présidentielles, se réorganisera la vie politique française.

Il y aura une reconstruction d’un Parti Socialiste et il en sera de même à droite. Cela me paraît être le jeu naturel des institutions. Mais ceci risque de prendre du temps. Après la défaite de Gaston Deferre en 1969, il a fallu attendre 1981, pour que la gauche arrive au pouvoir. Il y a eu 1971 avec le Congrès d’Épinay, 1978 et presque une majorité à l’Assemblée nationale, 1981 enfin avec la victoire de François Mitterrand… un long chemin. Voilà pourquoi cette reconstruction ne se fera pas en un jour.

 

La nouvelle députée du Lot, Huguette Tiégna, s’est inscrite dans la démarche politique, prônée par Emmanuel Macron. Pour autant, combien de fois n’a-t-on pas entendu à son sujet durant la campagne : « Elle est inconnue et inexpérimentée » ; comment s’explique selon vous l’élection de cette nouvelle venue en politique, issue d’une start-up économique ?

Elle s’explique facilement d’une certaine manière. À partir du moment où cette candidate, que je ne connais pas et à l’égard de laquelle je me garderai bien de porter le moindre jugement, apparaît aux côtés d’Emmanuel Macron sur une profession de foi, il est évident, comme cela a été le cas pour beaucoup d’autres candidats qui n’étaient pas davantage connus qu’elle, que cela allait favoriser son élection.

J’ai été surpris de l’ampleur des résultats de son élection. Je pensais que Vincent Labarthe déjà élu, qui est un homme de terrain, vice-président à la Région, vice-président du Grand Figeac, bénéficiait d’atouts déterminants, de plus sur ce territoire marqué à gauche. Or le mouvement a porté Mme Tiégna à l’élection. Ceci va dans le sens où les citoyens entendaient donner une majorité au Président qu’ils venaient de choisir. Cela n’est pas anormal. Nous avons connu le même type de mouvement par le passé.

Début 93, j’avais eu l’occasion de présider le groupe socialiste à l’Assemblée nationale, après la défaite de la gauche. Il était resté 56 députés socialistes. Et nous avions tenu le congrès des journées parlementaires socialistes à Figeac. Ce fut d’ailleurs l’occasion d’emmener ces parlementaires dans le Lot. Le Lot avait résisté et j’avais été réélu.

 

Au cours de ces cinquante dernières années de vie politique, qui vous ont vu ministre, président de région, conseiller général, maire, président de communauté de communes, lorsque les souvenirs se pressent dans votre esprit, lequel prend le dessus ?

Oh, j’ai tellement de souvenirs avec tous ces mandats qu’il me serait difficile des les évoquer. Cela ne fait pas tout à fait cinquante ans, même si ce n’est pas loin…

 

Disons, 50 ans en comptant le temps de la préparation, avant de vous lancer…

Je vous assure que je n’y ai pas tellement pensé avant de me lancer. Ce n’était pas le chemin que je m’étais tracé, pour tout vous dire. J’ai été élu pour la première fois conseiller général en 1970, cela fait donc 47 ans ! Cet engagement en politique est arrivé un peu par hasard, comme c’est souvent le cas d’ailleurs… Les meilleurs souvenirs que l’on peut avoir en politique, ce sont les souvenirs de mandats dans lesquels on peut imaginer une action et puis la mettre en œuvre. Et ce mandat-là c’est celui du maire et de la commune. Le maire imagine, propose et après cela il met en œuvre. C’est également le cas de figure du président de Région.

J’ai imaginé des politiques régionales, je les ai fait reconnaître par mes pairs, nous les avons modifiées, adaptées, avant qu’elles soient ensuite adoptées par l’assemblée. Et dans un second temps, celles-ci ont été mises en œuvre. En tant que maire de Figeac c’est le même schéma qui prévaut.

Lorsqu’on est député, nous n’avons qu’une partie du mandat, sans compter qu’on est un peu prisonnier. Soit on est dans la majorité, on dit que c’est bien, soit on est dans l’opposition et on s’oppose… tout ceci finit par devenir fatiguant. Si ce n’est bien sûr le pouvoir de la loi qui s’exerce dans un cadre collectif. Si on sort du bloc, on encourt de se faire rappeler à l’ordre.

En tant que ministre, c’est un peu différent dans le sens où l’on peut imaginer et décider, sauf qu’en la matière le pouvoir est restreint, dans la mesure où l’on se retrouve dans une équipe gouvernementale, sous l’autorité d’un Premier ministre.

Encore une fois, ce sont mes souvenirs de maire de Figeac, de président de Région et aujourd’hui président de communauté de communes qui incontestablement sont les plus prégnants pour moi.

« Être un homme respectable »

De toutes ces fonctions, de toutes ces responsabilités, de ce pouvoir exercé, quelle est la personnalité que vous avez cherché à construire, pour vous-même et pour les autres ?

Pour ce qui me concerne, je n’ai pas cherché à construire une personnalité, si ce n’est d’être dans ma vie un homme respectable. Être respecté par ses amis, ce qui est naturel, mais d’une certaine manière également par ceux qui ne sont pas les amis. « On ne partage pas ses sentiments, mais c’est un honnête homme, les idées qu’il a mises en œuvre sont plutôt de bonnes idées pour le territoire… » C’est cela que je peux rechercher, que je peux souhaiter. Que ce que j’ai fait et ce que je fais, que je ferai peut-être encore durant quelque temps, soit considéré, non pas forcément sur le moment, car dans le moment, il peut y avoir débat « Pour ou contre », mais après… pouvoir dire si ce que j’ai réalisé a été la bonne idée et le tout mené dans de bonnes conditions. Respectable, honnête homme, comme on veut on choisit, mais c’est ce qui me tient le plus à cœur.

 Entretien réalisé par JEAN-CLAUDE BONNEMÈRE

La Vie Quercynoise



13/11/2017
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