Vertigineux. C’est l’adjectif qui vient immédiatement à l’esprit. Une affaire que l’on croyait appartenir au passé revient brutalement à la une de l’actualité ce mercredi.

Vers 8 heures, les gendarmes de la SR de Dijon ont débarqué dans la vallée de la Vologne, là où il y a un peu plus de 32 ans le petit Grégory Villemin, 4 ans, avait été assassiné. Ils se sont rendus dans un petit village du secteur de Bruyères. Ils ont interpellé et placé en garde à vue un couple de septuagénaires.

Un couple dont le nom figure depuis belle lurette dans ce dossier hors-norme et qui a été conduit à la brigade de Bruyères. Les militaires leur ont signifié leurs droits, leur ont indiqué pourquoi ils étaient momentanément privés de liberté. Les qualifications pour lesquelles ils ont été placés en garde à vue sont les suivantes : complicité d’assassinat, non-dénonciation de crime, non-assistance à personne en danger et abstention volontaire d’empêcher un crime.  Un véritable séisme.

  

Cela signifie que l’affaire Grégory, la plus grande énigme criminelle de l’histoire judiciaire française, est bel et bien relancée. Bernard Laroche, un membre de la famille de l’enfant retrouvé mort dans la Vologne le 16 octobre 1984, a fait figure de premier suspect. Il a été mis en examen, écroué avant d’être remis en liberté en février 1985. Il a été abattu un mois plus tard par Jean-Marie Villemin, le père du petit Grégory. C’est ensuite Christine, la mère, qui a été soupçonnée d’avoir tué son propre fils. Elle a finalement été blanchie « pour absence totale de charges » le 3 février 1993.

Le dossier a été ensuite rouvert une première fois en 2000 suite à la demande de Me Thierry Moser, l’avocat des parents, qui s’est toujours bagarré pour repousser les délais de prescription de cette incroyable affaire. Réalisé avec de nouvelles techniques d’extraction de l’ADN, l’examen du timbre figurant sur une lettre anonyme datée du 27 avril 1983 et adressée aux grands-parents de l’enfant n’a rien donné.

En 2008, le conseil de Christine et Jean-Marie a obtenu une deuxième réouverture. De nouvelles analyses ADN ont été effectuées mais, jusqu’il y a peu, trois ADN identifiables, découverts sur d’autres courriers, n’avaient pas trouvé preneur.

Le dossier semblait donc végéter et glisser doucement dans l’oubli. Jusqu’à ce mercredi matin où il a pris un nouvel élan. La justice a-t-elle découvert à qui appartenaient les empreintes génétiques jusqu’ici mystérieuses ? La question reste ouverte. Pour l’instant, le couple de suspects n’a toujours pas été interrogé. Il a été transféré en fin de matinée vers Dijon où les séances de questions-réponses commenceront cet après-midi. Au terme de la garde à vue, qui pourrait se terminer ce soir ou demain, une mise en examen pourrait intervenir.

Le couple pourrait ne pas être seul à faire face au juge d’instruction de Dijon en charge du dossier. Car une troisième arrestation, voire une quatrième, auraient également eu lieu ce matin.