1275- Nouvelle revue de presse 70 posts

 

Le frondeur frondé

Bruno Dive

 

Ca n’a pas trainé. A peine Jean-Baptiste Lemoyne, sénateur LR de l’Yonne, avait-il annoncé son ralliement à Emmanuel Macron que son parti engageait contre lui une procédure d’exclusion. Il s’agit du premier parlementaire des Républicains à franchir le pas, et il faut limiter l’hémorragie.

 

Au parti socialiste en revanche, voilà des semaines sinon des mois que des dizaines de députés et de sénateurs, soutiennent officiellement le candidat En Marche sans qu’au...cune mesure n’ait été prise contre eux. Il est vrai que sanctionner ces parlementaires serait pour le moins paradoxal, alors que le PS a fait montre d’une patience infinie envers ceux qui refusaient de voter la confiance au gouvernement Valls et qui ont même fini par signer contre lui une motion de censure… Et voilà comment Benoit Hamon, le frondeur devenu frondé, se retrouve proche de l’impasse.

 

Il n’est soutenu que par la moitié de son parti, et encore. Ses meilleurs supporteurs semblent se trouver à l’extérieur du PS. Il suffisait d’assister hier à la conférence de presse du candidat, et de constater l’absence – hormis Cambadélis – de tous les poids lourds du parti, y compris ceux qui sont censés le soutenir, pour comprendre qu’il y a décidément quelque chose de pourri au royaume de Solferino. Qu’il s’agisse de son programme ou de ses soutiens politiques, c’est à se demander si, plutôt que d’être le candidat d’un PS réduit aux aguets, Benoit Hamon n’est pas celui d’une Europe Ecologie élargie à l’aile gauche du parti socialiste…

 

La démarche de Benoit Hamon n’est pourtant pas déshonorante, elle est même innovante. Elle intègre pleinement les préoccupations écologiques. Elle fait la part belle aux sujets de société (cannabis, perturbateurs endocriniens…). Elle anticipe – même si le candidat a mis de l’eau dans son vin – une société dans laquelle il n’y aurait pas assez de travail pour tout le monde, qu’il faudrait donc le partager et l’assortir d’un revenu universel. Elle fait montre d’une grande générosité sociale, mais elle reste floue sur tous les grands équilibres économiques et budgétaires.

 

De fait, ce projet se trouve à mi-chemin entre celui du PS dans les années 70 et celui des écolos aujourd’hui. Benoit Hamon tente de réinventer la gauche de demain. Mais en faisant table rase d’une culture de gouvernement rudement acquise, il ne la prépare pas à rester au pouvoir, ni même à l’y ramener de sitôt.

                                                             

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Un Homme d'Etat nous quitte... 40 ans d'engagement au service de notre pays, du département des Landes. Une vie consacrée aux idéaux républicains et aux valeurs de justice sociale et de progrès. Admiration, respect et tristesse.

 
 
 
 
France 3 Aquitaine
 
 
 
 
 
Henri Emmanuelli est décédé ce matin à l'âge de 71 ans. Retour sur le parcours d'un homme de gauche et de fortes convictions.
 
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 Hier soir , je suis allé à Laurède, petit village de Chalosse, au domicile d'Henri Emmanuelli, lui dire un dernier au revoir et embrasser sa femme et ses enfant...s avec lesquels tant de souvenirs anciens ont resurgi ... j'ai été tres ému, notamment , de constater que sur la page Facebook de son fils Antoine, la photo d'Henri qu'il a choisie pour illustrer un portrait bourré  de tendresse de son père se situe sur un voilier et  date d'une croisière en Grèce où j'avais entraîné nos familles dans les années 80. Souvenirs, souvenirs...
Mais surtout, me recueillant devant le visage apaisé d'Henri je pensais à cette fâcheuse tendance de la vie politique qui ne retient que la face " publique" des hommes sans imaginer, jamais, leur face privée :  cet homme-là n'était pas seulement un homme sévère et dur , ferme et intransigeant sur ses convictions, il n'avait pas seulement une personnalité écrasante et une autorité naturelle impressionnante, il était aussi un père et un grand-père  au cœur tendre,  pétri d'humour, capable de déconnade, passionné de culture et de lecture, fana d'informatique et de digital depuis des années , visionnaire quand , par exemple, il a décidé de construire un "village-Alzeimher" dans les Landes. Cet homme-là était un ours du Béarn côté pile, un grand tendre côté face . Mais qui le savait ?

                                                                   Jean Glavany

 

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Qui veut faire l'ange fait la bête

 

 Marre des donneurs perpétuels de leçons! Pollution, maltraitance animale, scandales alimentaires, vaches qui pètent, avec le temps vous avez compris que manger de la viande n'est ni sans conséquence, ni anodin. Résultat, vous avez décidé d'en manger moins, voire plus du tout. Vous êtes peut-être devenu(e) végétarien(ne), une décision audacieuse puisqu'elle va à l'encontre de notre culture alimentaire et honore bien des principes moraux. Mais savez-vous jusqu'où elle pourrait vous emmener? Vous avez bonne conscience prêt à donner des leçons "d'humanité" à tout le monde...Savez vous que vous n'êtes pas  forcément meilleur défenseur des animaux que les chasseurs (qui sont souvent les meilleurs écologistes et protecteurs de la nature ) ou que  les afionados?

Végétarien: régime alimentaire excluant toute chair animale (viande, poisson), mais qui admet en général la consommation d'aliments d'origine animale comme les œufs, le lait et les produits laitiers (fromage, yaourts).

Végétalien: le végétalisme, ou végétarisme strict, est une pratique alimentaire qui, comme tout régime végétarien, exclut toute chair animale (viande, poissons, crustacés, mollusques, etc.) ainsi que les produits dérivés des animaux (gélatine, etc.), et qui rejette, de surcroît, la consommation de ce qu'ils produisent (œufs, lait, miel, etc.)

Vegan: selon la Vegan Society le véganisme est le mode de vie qui cherche à exclure, autant qu'il est possible et réalisable, toute forme d'exploitation et de cruauté envers les animaux, que ce soit pour se nourrir, s'habiller, ou pour tout autre but.

1. Faut-il être végétarien ou végétalien?

Devenir végétarien c'est bien, mais en fonction des raisons qui vous y ont poussé, ça n'a pas beaucoup de sens. Et si votre principal argument est la mort animale, alors vous feriez bien de devenir végétalien et d'en finir avec les oeufs et le fromage.

Pourquoi? Notamment parce que pour faire des œufs il faut des poules pondeuses, mais lorsqu'elles ne sont plus assez productives, on les remplace, parfois tous les ans. Et qu'est-ce qu'on en fait? On les tue, forcément (Chicken Run). Il en va de même des poussins mâles à la naissance. Et pour cause, ils ne peuvent pas pondre. Au regard de l'élevage, ils sont inutiles et donc bons pour la poubelle.

Le fromage n'est pas épargné. Ils puent, font notre gloire nationale mais ils contiennent aussi un ingrédient peu commun: la présure. Extrait du quatrième estomac des jeunes ruminants, la présure est un coagulant sans lequel il serait impossible de faire du fromage et pour l'obtenir, il faut bien tuer le veau.

Vous êtes-vous d'ailleurs demandé pourquoi on mangeait du veau et non de la génisse? Si l'on garde les femelles pour le lait, la majorité des mâles partent à l'abattoir. Boire du lait est donc loin d'être innocent. Raisonnement également valable pour l'agneau. Le seul argument végétarien qui semble tenir, d'un point de vue purement rationnel, serait donc celui du dégoût. Pour le reste, le végétalisme devrait s'imposer.

 

2. Peut-on quand même accepter de tuer des animaux lorsqu'on est végétarien?

Votre appartement est envahi de souris, mais depuis que vous êtes devenu(e) végétarien(ne), vous êtes naturellement réticent à l'idée de tuer des animaux et donc à poser des pièges. Seulement, voilà si vous ne faites rien, les souris se multiplieront à la vitesse grand V.

Quelle décision prendre? C'est le moment de faire preuve d'utilitarisme, cette branche de la philosophie anglo-saxonne qui évalue nos actions de manière à maximiser le bien-être global de l'ensemble des êtres sensibles.

Pour savoir comment agir, il faut se projeter et adopter un certain pragmatisme. Si vous n'agissez pas, les souris se multiplieront et vous vous retrouverez acculé à un choix binaire: déménager, ou les tuer. Et puisque les souris seront plus nombreuses, le souricide n'en sera que plus important, mieux aurait donc valu tuer la première souris, attendu que vous estimez que les rongeurs sont des êtres sensibles (ce qui est le cas).

Dans le cas d'être insensibles, ou dont la sensibilité n'a pas été établie, certains n'y vont pas par quatre chemins. Interrogé par Philosophie Magazine, voici comment le philosophe britannique utilitariste et végétalien Peter Singer réagirait s'il était menacé par un moustique:

"Je n'ai aucun problème avec les moustiques. D'abord, je ne suis pas sûr qu'ils soient sensibles à la douleur et, même dans ce cas, une claque rapide réduit au minimum sa souffrance. Ensuite, il n'a pas de conscience développée de soi, il n'est pas un être capable d'envisager son future d'une façon ou d'une autre. Donc s'il m'empêche de me concentrer sur ma lecture et menace de me piquer..." Les moustiques n'ont qu'à bien se tenir.
3. Une alimentation végétale est-elle forcément innocente?

Philosopher d'accord, mais pour prendre la bonne décision (pas celle qui vous semble bonne, mais bien celle qui est bonne en soi, puisse-t-elle toutefois exister), encore faut-il être correctement informé. Dans un billet publié par The Conversation, l'un des principaux sites de débat et d'opinion australien, le biologiste Mike Archer rappelle que le végétarisme (et donc le végétalisme et le véganisme) peuvent avoir des effets néfastes sur le bien-être des animaux.

En Australie, écrit-il, il serait plus respectueux du bien-être des animaux de consommer des protéines animales que végétales. Pourquoi? Parce que les vaches australiennes se nourrissent essentiellement de ce qu'elles trouvent dans leurs pâturages. Elles ne consomment donc que peu ou pas de grain. S'il fallait remplacer les protéines qu'elles fournissent par des protéines végétales, poursuit-il, il faudrait stimuler l'agriculture intensive sur le continent.

Or les champs dédiés à ce type d'agriculture abritent d'autres animaux, à l'image des souris (décidément). Problème: le climat, écrit-il, peut favoriser leur démographie. C'est ce qu'on appelle une crise d'ancien régime, les souris se multiplient par milliers, elles menacent les cultures, et c'est bien la raison pour laquelle les agriculteurs doivent les empoisonner.

En Australie, une culture est victime de ce type de crise en moyenne une fois tous les quatre ans. Pour chaque hectare de culture, 500 à 1000 souris par hectare voient le jour pendant cette crise. 80% d'entre elles sont empoisonnées, ce qui implique que 100 souris meurent par an, par hectare en Australie. Chaque hectare rapporte 1,4 tonne de blé en moyenne, contenant 13% de protéines. Produire 100 kilogrammes de protéines reviendrait à tuer au moins 55 souris. La même quantité provenant de viande bovine nécessiterait la mort de 2,2 vaches.

Si l'on se place du point de vue de la sensibilité des animaux, alors mieux vaut continuer à manger de la viande puisque pour la même quantité de protéine on tuerait 25 fois moins d'animaux sensibles. Certes, personne ne dit qu'il faut forcément remplacer la viande par des protéines provenant du blé, mais l'argument montre que l'équation, moins de viande = plus de terres arables disponibles = meilleur accès à la nourriture pour tous, n'est pas à une contradiction éthique près.

 

4. Peut-on aimer les animaux sans souhaiter les voir disparaître?

 

La question peut paraître incongrue mais que se passerait-il si tout le monde se convertissait au végétarisme ou au végétalisme? La réponse: certaines espèces pourraient bien disparaître. C'est le dilemme auquel le philosophe Ruwen Ogien nous met face dans son essai L'Influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale (Grasset), se faisant l'écho du philosophe Richard Hare.

D'après Hare, si nous considérerons effectivement les animaux pour ce qu'ils sont et non pas des choses, "nous cesserions d'en élever pour la consommation humaine et nous laisserions en paix les animaux domestiques." L'inconvénient? Nous les ferions tous disparaître - y compris les animaux de compagnie qui n'auraient aucun avenir - à l'exception des animaux sauvages. "L'extinction des animaux domestiques - sans distinction aucune entre les espèces compagnes et celles à l'usage alimentaire - serait le seul remède à nos crimes," écrit Hare.

Et Ruwen Ogien de s'interroger: "Est-il possible d'envisager un certain type de relations à l'égard des animaux non sauvages qui exclurait le droit de les posséder, mais qui ne les empêcherait pas de prospérer?" À chacun de tenter d'apporter une réponse à cette question.

 

5. Peut-on être végétarien et avoir un animal de compagnie carnivore?

 

Vous ne mangez plus de viande mais vous avez un chat, ou un chien. Évidemment, il n'est pas question de le ou la manger. Mais alors que vous vous faites une fierté de ne plus manger de viande, voilà qu'arrive l'heure de la pâtée. Le toutou réclame, le félin miaule, vous sortez une boîte ou un sachet. Alors ce sera quoi: bœuf, poisson ou poulet?

Si vous êtes devenu(e) végétarien(ne) ou végétalien(ne) en raison des dérives de l'élevage industriel ou d'un refus de la mort animale, vous vous retrouvez en pleine contradiction et il va falloir faire un choix: se débarrasser de votre animal de compagnie, ou dépenser une fortune en pâtée pour chien ou pour chat végétarien, végétalien ou bio... et espérer qu'il mangera bien ce que vous lui donnerez.

Certains vétérinaires militants estiment que les chiens et les chats peuvent s'accommoder d'un régime végétarien, à condition d'être nourris à l'aide de recettes spéciales (qu'ils se feront un plaisir de vous vendre). D'autres en doutent, ou estiment que seuls les chiens peuvent être végétariens, les chats ayant besoin d'acides aminés se trouvant uniquement dans la viande. Certains demeurent enfin plus que sceptiques, qu'il s'agisse des chiens ou des chats. Prudence donc.

Devenir végétarien, végétalien ou vegan implique de faire des choix auxquels on ne s'attendrait pas forcément. Néanmoins, libre à chacun de faire comme il le souhaite. La rationalité n'est pas une règle et l'essentiel reste de faire le choix qui nous semble le meilleur dans la limite des informations dont chacun dispose, ainsi que dans les contextes et les environnements nécessairement différents au sein desquels les hommes évoluent.

 

 

source Le HuffPost  |  Par Stanislas Kraland

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



17/03/2017
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