1236-Amitié civique 18 posts

 

Pourquoi le burkini fait-il autant de vagues dans une mer déjà passablement agitée ? D'où vient cette idée qu'un tel maillot de bain recouvrant le corps serait en soi plus dangereux pour l'ordre public qu'une tenue de plongée sous-marine ? Et, puisque la loi ne l'interdit pas, faudrait-il malgré tout le bannir de l'espace public ?

 

 

Ces questions résument en définitive un débat qui par ailleurs nous semble anecdotique. Pour mettre les plaideurs d'accord, on pourrait dire qu'il est aussi ridicule de l'interdire que de le porter. Mais, si le burkini n'est après tout qu'un «détail» ,  force est d'admettre que ce «détail» est aujourd'hui essentiel, puisque le Conseil d'État, notre plus haute juridiction administrative, vient d'être saisi de ce dossier soudainement d'actualité.

 

Car, derrière «l'affaire du burkini», on devine, de la part d'une majorité de Français, une exaspération diffuse et mal contenue envers une «posture islamique», une manière de «provocation religieuse» qui heurte de plein fouet nos modes de vie libéraux et surtout nos conceptions laïques.

 

Peu à peu, en l'espace de trente ans, des comportements parfaitement connotés se sont installés chez nous que nous n'avions jamais connus auparavant : des repas différents dans les cantines scolaires, des piscines aux horaires aménagés, le développement des produits halal, le refus du moindre contact entre un médecin et une malade, sans oublier le port du voile, puis du voile intégral...  Cet empiètement sur nos habitudes au nom de préceptes religieux, ces modes de vie communautaristes qui font loi aujourd'hui dans certains quartiers constituent, aux yeux des laïques les plus fervents, une abdication, un renoncement de la République. Ainsi, parce qu'il est un accessoire «visible» qui participe à entretenir ce communautarisme vestimentaire, le burkini, bien que très minoritaire et pour tout dire «inoffensif», porte en effet le risque de troubler les esprits tout autant que l'ordre public.

 

Si l'islam que tentent d'instiller chez nous les prêcheurs salafistes est totalement incompatible avec les lois de la République, il serait fou et faux de considérer la communauté musulmane française comme un bloc monolithique. La grande majorité est parfaitement éloignée de l'islam intégriste, parmi elle des élites sont totalement intégrées à l'idée de République française – et nous devons les soutenir quand elles s'engagent contre l'islam dévoyé des extrémistes.

 

La laïcité est une leçon qu'il convient de toujours (ré)apprendre, le meilleur garde-fou pour une société sans repères. Qui applique la tolérance laïque ne cède pas un seul pouce aux intégristes, à ceux qui prétendent que la religion est au-dessus des lois communes, elle ne cède pas davantage un pouce aux nationalistes et racistes, ni à ceux qui veulent combattre les croyances de «l'autre».

 

Pour tout dire – et selon le joli mot de Jean-Pierre Chevènement – il n'y a de seule et bonne religion républicaine que celle qui nous apprendrait «l'amitié civique».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



17/08/2016
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