1207-Loi travail: Non Hollande et Valls ne sont pas de droite (Jean Matouk) 7 posts

Le "Hollande-Valls bashing" bat son plein ! Pétitions, chroniques et déclaration se succèdent, émanant de ceux qui s’arrogent le droit de décider ce qui est "de gauche" ou "socialiste", et de ce qui ne l’est pas. Ceux qui prétendent du même coup rejeter à droite les deux têtes de l’exécutif.

 

La mondialisation, un bouleversement économique

 

Il y a eu, depuis 30 ans, un bouleversement économique fondamental : la mondialisation. Elle  était inévitable, dans l’intérêt même des industries, donc de l’emploi, du monde occidental, mais il aurait fallu le préparer en changeant de paradigme économique.

 

Tous les tissus industriels européens, ont été  plus ou moins déchirés et troués par cette mondialisation, qui n’est finalement que la conséquence de l’émergence économique de pays pour lesquels, nous, socialistes, réclamions il y a 30 ans toujours plus d’aide au développement !  Quelle meilleure aide que permettre à ces pays de produire et d’exporter ?

 

Notre tissu industriel est constitué de 165.000 PME, de 10 à 250 salariés, et de deux millions de TPE  (très petites entreprises). Ce sont elles qui ont été le plus détruites, mais c’est sur elles qu’ont reposé, et que reposera toujours, la sauvegarde et la reconstitution de ces tissus industriels.

 

L'Etat s’est substitué aux syndicats défaillants 

 

Le socialisme et le communisme, se sont constitués au XIXème, et deux tiers du XXème siècle, à partir des grands bataillons d’ouvriers réunis dans les grandes entreprises privées, où s’exerçait une véritable "lutte des classes", qui a duré jusqu’aux guerres mondiales.

 

La mise en place du "fordisme", comme aboutissement heureux de cette "lutte des classes"  a changé la donne. Les communistes, dirigés de Moscou, ont continué à ne voir d’issue économique que dans la victoire politique du parti censé représenter les "travailleurs", la nationalisation des entreprises et l’économie administrée. Réalisée à l’Est, cette politique a conduit à un échec économique cuisant de 70 ans, avec des phases de barbarie politique, et un désastre écologique.

 

De leur côté, les socialistes, contraints, en 1981, à un train de nationalisations pour réaliser l’Union de la gauche ont adopté comme principe de politique économique le principe keynésien de soutien de la croissance et l’emploi par une politique de la demande.

 

Demande publique, évidemment limitée par la capacité d’endettement de l’Etat ! Demande privée de consommation fondée sur la redistribution des revenus par l’impôt et l’assistance, ce qui, du même coup , freine ou réduit les inégalités, avec une légitimité sociale indiscutable.

 

En France, de plus, l’Etat s’est substitué aux syndicats défaillants, moins enclins que dans les pays nord européens, à la négociation avec le patronat, pour protéger les droits des travailleurs, et encadrer les conditions de travail.

 

La politique "socialiste" traditionnelle échoue

 

Nationalisations écartées, c’est ce "mix" de politique économique que veulent à tout prix sauvegarder les opposants à la loi El Khomri.

 

Malheureusement, cette politique échoue aujourd’hui. D’abord, l’Etat est déjà trop endetté pour continuer à creuser son déficit, comme depuis 30 ans, en augmentant demande publique.

 

La politique "socialiste" traditionnelle échoue aussi parce que les grandes entreprises, tout en continuant à apporter un certain écot à la croissance nationale, peuvent délocaliser, donc produire ailleurs, échapper aux lois sociales, face à un syndicalisme qui, contrairement à la supplique de Karl Marx, n’a pas été capable de s’internationaliser.

 

Enfin,  et surtout, la redistribution est de plus en plus limitée  parce que son assiette de valeur ajoutée à partager se réduit comme peau de chagrin  en raison du délitement susdit de notre tissu industriel doublé d’une trop faible compétitivité de ce qui en reste par rapport à celui de nombreux autres pays.

 

Le nouveau paradigme socialiste aurait donc dû, depuis longtemps, consister, pour l’Etat à "écrire", le "paysage économique futur", et ne pas le laisser écrire par le seul marché et soutenir la croissance, certes, mais sans endettement supplémentaire. Il devrait surtout avoir mis en priorité la nécessité de se remettre à produire pour pouvoir redistribuer, donc favoriser la mise à niveau et la reconstitution du tissu économique, en favorisant la création et le dynamisme des PME.

 

Les charges sociales qui pèsent sur les PME sont excessives

 

Il faut redistribuer, mais on ne peut redistribuer que ce que l’on a produit. Une comparaison statistique objective, faite et refaite, montrent que les charges sociales qui pèsent sur les PME sont excessives, et que, trop souvent, la lettre mais surtout l’interprétation du droit du travail, freine clairement les chefs d’entreprise, qui y ont investi souvent toute leur épargne, dans l’embauche et l’investissement.

 

Aujourd’hui, le "programme" socialiste, dont le premier objectif, effaçant tous les autres, doit être l’emploi, sans lequel aucun vrai "plus" d’égalité n’est possible, doit donc être de renforcer les PME.

 

Tous ceux qui y travaillent, savent bien que la "lutte des classes" est sans signification dans ces PME. Contrairement à ce, qu’à mon grand étonnement, Jacques Attali a osé dire, cette loi ne renvoie pas la France au XIXème siècle. Pourquoi pas aux femmes torses nus dans les mines et aux enfants dormant attachés à leurs machines ?

 

La ruée contre Hollande et Valls est injustifiée

 

La presse, si prompte à relayer les attaques des "archéo-socialiste", ne donne guère de publicité autour de la généralisation de la complémentaire-santé, la création du compte personnel de formation, puis, dans la loi actuelle, vouée aux gémonies, du compte personnel d’activité, le tiers payant, le plafonnement des dépassements d’honoraires médicaux, qui sont bel et bien du XXIème siècle !

 

La ruée contre Hollande et Valls, l’espérance d’un "hallali" qui émerge comme secret espoir de certains, leur qualification "de droite" sont totalement injustifiées. Qui sont les premières victimes de la répétition des CDD qui constituent 90% des nouvelles embauches ? Les jeunes, dont certains ont défilé le 9 mars contre la loi El Khomri. Où est donc la précarité qu’on impute par avance à cette loi ?

 

Sans compter les avancées remarquables qu’ont été sur le plan des libertés civiles. Le mariage pour tous, l'embauche de 60.000 enseignants et le rétablissement de leur formation, toutes les réformes engagées pat Najat Valaud-Belkacem, que la droite n’a eu de cesse de combattre et de limiter.

 

Qui est à droite ?

 

 Jean Matouk (économiste) LePlus



10/03/2016
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