Chevènement chez Apathie /II-Le blog d'Apathie 10 posts

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Le président du Mouvement républicain et citoyen (MRC), qui soutient Ségolène Royal, était l'invité de RTL mardi matin. Il a estimé qu'il fallait étudier "au cas par cas" la question de la régularisation des parents d'enfants étrangers sans-papier scolarisés en France.

- Jean-Michel Aphatie : Bonjour Jean-Pierre Chevènement.


Jean-Pierre Chevènement : Bonjour .


- Vous avez longtemps plaidé et souvent (en vain !) pour un retour de la Nation dans le discours socialiste. Depuis huit jours dans ses meetings, Ségolène Royal fait chanter "la Marseillaise" et elle a dit aussi que, selon elle, "tous les Français devraient avoir chez eux un drapeau tricolore". Est-ce vous qui l'avez convaincue de tenir ce discours, Jean-Pierre Chevènement ?


Non... Ségolène Royal suit son inspiration. Elle écoute les suggestions qu'on peut lui faire. Elle les retient ou ne les retient pas, et c'est une candidate libre.


- Mais vous lui avez fait cette suggestion ?


Peut-être l'ai-je faite il y a plusieurs mois. Elle ne l'a pas suivi. Et puis, il arrive à un moment où elle pense qu'effectivement, il est important de pointer la nature de la crise que traverse notre pays qui est une crise à la fois sociale et nationale. Une crise sociale liée à la mondialisation, délocalisation et aux problèmes que nous n'arrivons pas à régler. Et puis, d'autre part, une crise nationale. La France ne sait plus très bien où elle va, et cela n'est pas récent. C'est un fait qui remonte malheureusement aux années sombres, aux années 40, et aujourd'hui, naturellement...


- ... Oh là !


... Oui. Bien entendu... A un moment, les élites françaises ont préféré la défaite. Elles ont préféré la collaboration avec l'Occupant...


- Oui, mais il s'est passé des choses depuis les années 40...


Il s'est passé des choses, mais la France, évidemment, est un pays qui marche aux projets. C'est une "Nation politique", disait Marx, c'est-à-dire une communauté de citoyens qui a besoin du débat politique pour se définir ; et aujourd'hui, le projet de la France ne trouve pas à s'accomplir dans l'Europe telle qu'elle se fait. Donc, il faut redresser la construction européenne pour que les Français puissent lier naturellement le patriotisme républicain qui est sain, qui est nourri des valeurs d'égalité, des valeurs universelles, des valeurs républicaines, et puis d'autre part, un projet d'avenir qui doit s'accomplir dans l'Europe.


- Et chanter "la Marseillaise" dans les meetings socialistes, ça change quelque chose, Jean-Pierre Chevènement ?


Ah, je pense que c'est la force des images. Je pense que... Bien entendu... mais nous avons chanté souvent "la Marseillaise" dans nos meetings, et je ne parle pas seulement de ceux...


- Dans des meetings ! Dans les meetings socialistes ?


Même dans les meetings socialistes. Vous savez...


- Pas trop souvent ?


C'est arrivé même au rassemblement des élus. Les élus l'ont chanté, il y a une semaine, vous ne l'avez pas remarqué.


- Oui, il y a huit jours. Si, si, il y a huit jours, c'est vrai.


Mais je ne vois pas pourquoi on laisserait à la droite et à l'extrême droite, qui détournent les symboles du patriotisme républicain...


- En quoi elles le détournent ?


Ah, ils le détournent parce que ce sont des idéologies inégalitaires...


- La droite, en quoi elle le détourne ?


... La droite Libérale, c'est une idéologie inégalitaire qui creuse les différences entre les individus. C'est la loi du plus fort.


- C'est le monopole de la gauche "la Marseillaise", Jean-Pierre Chevènement ?


Ce n'est pas le monopole de la gauche, mais c'est l'hymne du peuple français tout entier - et Ségolène Royal a eu beaucoup d'intuition de le rappeler parce que la France a besoin d'être sûre d'elle-même pour pouvoir aller de l'avant.


- La politique, c'est l'exemplarité, Jean-Pierre Chevènement ? Vous avez un drapeau tricolore chez vous ?


Mes parents avaient un drapeau tricolore chez eux. Ca n'était pas du tout une question tabou. Dans les années qui ont suivi la Guerre, tous les Français - à l'époque (comme aujourd'hui, d'ailleurs, les Américains ou les Britanniques) - sortaient leur drapeau le jour de la Fête nationale.


- Et vous, vous avez un drapeau chez vous ?


Regardez les Algériens ! Ils en font un abondant usage. Nous n'avons pas de raison d'avoir honte de la France. Nous devons assumer la France, toute son histoire avec ses ombres et avec ses lumières ; et c'est une faiblesse d'une certaine gauche qui n'est pas républicaine, une certaine extrême gauche que de ne pas comprendre cela. Or, je trouve que Ségolène Royal a marqué un point très fort ; et je pense même que ça peut être un tournant dans la campagne si elle fait comprendre que la gauche assume pleinement la France et enlève en quelque sorte à la droite et à l'extrême droite, cet argument (enfin !) né du préjugé qui voudrait que les hommes ou les femmes de gauche et de progrès ne seraient pas des patriotes.


- Vous avez un drapeau chez vous, Jean-Pierre Chevènement ?


Oui, j'ai un drapeau chez moi, bien entendu.


- Et vous le sortez le 14 juillet ?


Je ne le sors pas parce que...


- Vous allez le sortir ?


Comment ?


- Le 14 juillet ?


Mais nous verrons ! Nous verrons !


- Exemplarité toujours ! Ségolène Royal fait chanter "la Marseillaise" et elle ne la chante pas. Vous savez pourquoi ?


Ecoutez, ça, il faut lui poser la question. Mais c'est dans le face à face avec la salle que les choses s'organisent. Elle l'écoute.


- Mais, elle, elle ne la chante pas. C'est étonnant !


Elle l'écoute. Elle la chantera peut-être un jour.


- Certains disent que votre influence est devenue très grande auprès de Ségolène Royal. Un papier du "Monde", que vous avez sûrement noté (c'était une grande page assez passionnante d'ailleurs), vous vous présentez comme son directeur de conscience.


Non, c'est tout à fait...

- C'est exagéré, Jean-Pierre Chevènement ?


C'est tout à fait abusif et je pense qu'il y a une mauvaise intention dans cette description.


- C'est sympathique quand même ? Ce "papier" était sympathique, en tout cas !


Ah, bien entendu ! Mais je m'efforce simplement d'aider tant que je le peux Ségolène Royal ; mais Ségolène Royal est une femme qui a beaucoup de liberté, beaucoup d'indépendance, du caractère, de la détermination. Elle ne s'est pas laissée abattre par les moments difficiles... Le fameux trou d'air !... Elle a montré une remarquable constance et je crois qu'elle a aussi une intuition et une vision et elle le montre. Elle n'a rien rabattu de son discours de gauche. Je pense qu'elle est la seule candidate à dire qu'en Europe, il y a des choses qui doivent bouger pour redresser sur le plan économique, social, monétaire, la construction européenne pour nous permettre d'aborder dans de bonnes conditions la mondialisation.


Et puis, par ailleurs, eh bien elle nous rappelle d'où nous venons en mettant l'accent sur le fait que nous devons aller vers l'avenir tous ensemble avec les valeurs républicaines : la Liberté, la Fraternité, l'Intégration, la Laïcité. Je pense que Ségolène Royal a dit toutes ces choses-là et tous les procès qui lui sont faits sont tout à fait injustes.


- Quel rétablissement pour vous ! Vous étiez pestiféré après l'élection présidentielle de 2002. Et aujourd'hui, votre présence, votre influence n'ont rien... aussi grande au sein du Parti socialiste, Jean-Pierre Chevènement.


A vos yeux... Non, mais non je ne l'étais pas à vos yeux ! Disons que le Parti socialiste doit faire une analyse de la période de la gauche plurielle et du 21 avril quand il fera...


- Mais quel rétablissement pour vous ! Vous en convenez tout de même ? C'est spectaculaire !


Mais ce n'est pas... Mais non, mais non, mais non. Disons qu'il faut garder tout à fait son sang froid dans les hauts et dans les bas.


- Vous gardez toujours votre sang froid !


Vous pouvez subir des procès d'intention, servir de bouc émissaire un temps et puis à d'autres moments, on reconnaît que peut-être vous aviez raison.


- Une polémique importante autour des enfants étrangers scolarisés en France agite actuellement la scène publique. Faut-il régulariser les parents de ces enfants scolarisés, Jean Pierre Chevènement ?


Il faut faire une analyse au cas par cas parce qu'effectivement, s'ils sont scolarisés depuis un certain temps, cela le justifie pleinement. Mais il y a un trou dans la loi...


- ... à combien de temps ?


Je ne peux pas vous dire, ça demande un examen.


- Qu'est-ce qu'on appelle un certain temps ?


Disons, plusieurs années ou en tout cas, dès lors qu'ils manifestent les signes d'intégration. C'était le critère que j'avais choisi. Disons qu'il y a un trou dans notre législation. Tous les enfants sont accueillis à l'école, c'est une bonne chose. Mais ça peut devenir, je dirais, un moyen commode de régularisation. Donc, le législateur n'a pas trouvé jusqu'à présent une bonne réponse à cela. C'est un problème délicat mais qu'il faut traiter avec humanité, avec tact, pas comme le fait M.Sarkozy qui a été, certainement, le ministre le plus agité... le ministre de l'Intérieur le plus agité de la Ve république.


- Ca, c'était une réponse à Franz-Olivier Giesbert...


Oui, j'entendais "le plus grand ministre"... Enfin, tout dépend de ce qu'on appelle grand ! Disons que c'est le petit-fils de Mme Thatcher.


- Je ne vais pas vous demander, Jean Pierre Chevènement, de chanter "la Marseillaise"...


Mais je peux chanter le sixième couplet qui est un couplet très pacifique.


- Et le premier ?


Le premier aussi.


- Il est pacifique ? Mais, vous savez, il faut replacer les choses dans leur contexte. C'est le chant de la liberté. C'est le chant qui a été chanté, pour la première fois, à Jemmapes, sur les Champs de bataille. Vive la Nation ! C'est un cri qui est celui de Valmy.


- ... et ce qui n'était pas ma question, voilà , allez !


Et ceux qui ont fait la Résistance et contre l'Occupation et la Libération de la France, ont su réconcilier la gauche et le patriotisme.


- On ne l'arrête plus Jean-Pierre Chevènement quand on parle de "la Marseillaise"... C'est fini, et il était l'invité de RTL

                                  II

Après RTL voici le blog de Jean-Michel Apathie(extrait du jour) en réponse à un ou deux internautes de ce blog qui s'interrogent sur Jean-Pierre Chevènement dont Apathie n'est pas un adorateur.....

   http://blogs.rtl.fr/aphatie/

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de RTL, ce matin, à 7h50. La Marseillaise, encore, au centre des interrogations d'une campagne présidentielle qui a quand même une drôle de tournure.

Jean-Pierre Chevènement d'abord. L'homme est singulier. Singulier au sens où il appartient à cette catégorie particulière, et rare, d'individus qui comprennent d'instinct la politique et qui, roués et cyniques dans les jours ordinaires, accèdent avec aisance et maîtrise au rang supérieur des hommes d'État capables d'assumer le destin d'une Nation. Une communauté ne fabrique pas tous les jours des personnalités de cette trempe.

Jean-Pierre Chevènement toujours. Après 2002, il était tricard, paria, indésirable au parti socialiste. Bien sûr, Lionel Jospin l'accusait personnellement d'être responsable de sa disqualification dès le premier tour de l'élection présidentielle. Mais plus profondément, Jean-Pierre Chevènement incarnait aux yeux de la plupart des dirigeants de la rue de Solférino le socialisme du passé, ce socialisme aux couleurs de la République qu'ils n'ont jamais aimé, qui leur a toujours paru archaïque, inadapté aux temps de la construction européenne et de la mondialisation.
Là dessus, arrive Ségolène Royal. Son histoire personnelle croise en très peu d'endroits celles des autres responsables socialistes. Elle n'est pas fabriquée comme eux. Elle ne pense pas comme eux. Elle ne se comporte pas comme eux. Jean-Pierre Chevènement? Elle a toujours aimé sa démarche, mélange d'autoritarisme et de flexibilité manœuvrière, socialiste et national, de gauche, oui, mais parfois tellement proche de l'autre rive, comme il le disait lui même pendant sa campagne de 2002. Politiquement, il y a de la connivence entre eux, et à défaut d'amitié, car dans ce type d'aventure les sentiments sont comptés, s'est installé une forme de respect réciproque, d'admiration peut-être, si le mot n'est pas trop fort. Des témoins rapportent les mots élogieux de Jean-Pierre Chevènement sur la candidate, qui l'impressionne par sa force mentale et sa détermination. Une femme de pouvoir: voilà ce qu'aime l'ancien ministre de l'Intérieur chez la candidate. En retour, celle ci paraît puiser du réconfort dans l'expérience et le savoir de son aîné que certains, au parti socialiste, décrivent aujourd'hui comme son mentor.
Spectaculaire redressement de Jean-Pierre Chevènement, mis à la porte hier, revenu par la fenêtre, réputé dépassé par les événements naguère et influent désormais comme il ne l'avait plus été depuis longtemps.

Est-ce lui qui a soufflé à Ségolène Royal l'idée de faire chanter la Marseillaise à la fin de ses meetings? Au micro de RTL ce matin, il a éludé la question, expliquant qu'il lui en avait parlé depuis plusieurs mois et qu'elle n'avait pas retenu sa suggestion. Si cela se trouve, mais cette qualité n'est pas celle que l'on retient spontanément quand on pense à Jean-Pierre Chevènement, en plus de tout, il est modeste.

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27/03/2007
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