A MES AMIS LOTOIS ET D'AILLEURS.. .par Roland CAYROL 20 posts

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L'auteur est R CAYROL , voici son commentaire :
 
A mes amis lotois et d'ailleurs...
On est habitué dans ce seul pays d'Europe à voir les sondeurs servir de boucs émissaires aux candidats qui perdent des points et aux commentateurs qui croient se voler le rôle de vedette. Celà n'empêche d'ailleurs ni les mêmes candidats de commander, aux mêmes sondeurs maintes études confidentielles, ni les médias de faire leurs gros titres sur les sondages !

Et puis les sondages se sont, parait-il, déjà trompés. Ainsi, à trois jours du scrutin de 2002, ils ont été incapables de prévoir le passage de Jean Marie LE PEN devant Lionel JOSPIN ! Certes, la courbe sondagière de Lionel JOSPIN glissait depuis des semaines sur une pente savonneuse, alors que les intentions de vote pour Jean Marie LE PEN étaient fermes. Certes, nous avions prévu, dans la dernière semaine, que tout devenait possible quant à l'ordre d'arrivée. Certes, Jean Marie LE PEN n'a devancé Lionel JOSPIN que de 0,7 points et aucun sondage sur mille personnes ne peut prétendre, dans ces conditons, déterminer qui surpasse l'autre. De nombreux citoyens se déterminent au dernier moment et le sondage ne saurait avoir de caractère prédictif. Mais il est plus facile d'accuser les sondeurs quand,
soi-même, on n'a rien vu venir ou qu'on n'a pas voulu y croire !

Celà recommence de plus belle. Lorsque Mr SARKOZY et Mme ROYAL, il y a des semaines  , devançaient tous leurs concurrents, dépassant à eux deux 60 % des intentions de vote, nous sommes allés expliquer dans les médias , chiffres à l'appui, que l'élection n'était pas jouée, que 40 % des électeurs déclaraient alors s'abstenir et que les Français pouvaient à bon droit se plaindre de se voir priver d'un vrai premier tour. Nous n'avons alors rencontré que des regards sceptiques...

Maintenant, à l'évidence - et celà rend l'observation des sondages passionnante - l'opinion bouge, change, cherche la meilleure voie pour l'avenir. Pour la première fois dans une élection présidentielle, une fraction significative des Français hésiste entre trois candidats ! ces sables mouvants déstabilisent les analystes, habitués aux mouvements du passé, qui se limitaient à l'indécision à l'intérieur d'un camp.

 Ces changements sont incompréhensibles, ils sont donc "manipulés" par les instruments de mesure ! Ou version de plus en plus courante, reprise d'une vieille antienne d'une fraction des sociologues critiques : les sondeurs nous "fabriquent" des chiffres suspects à partir de leurs données brutes ! Ou bien encore : les sondés s'amusent avec les sondeurs, ils les instrumentalisent et leur font passer des messages, sans croire eux-mêmes à leurs intentions de vote !

Sachons raison garder. On nous a déjà fait le coup des sondés-manipulateurs ( au demeurant difficile à imaginer : comment chaque répondant pourrait-il deviner à quelle manipulation collective il se prête ?) Lors du référendum de 2005, on nous a dit, on a écrit que les sondés protestaient dans les sondages, mais qu'ils voteraient oui. Lorsque, pour la première fois, le non l'a emporté dans un sondage, des membres, éminents de la commission des sondages nous ont fait savoir qu'ils n'y " croyaient pas"...il a bien fallu se rendre à l'évidence des urnes et à la large victoire du non !
autre argument pour mes détracteurs : les données brutes. Les sondeurs n'ont jamais caché, depuis des décennies, qu'ils "redressent" les données recueillies dans leurs entretiens. Celà fait partie du travail professionnel normal de tout sondeur. Des électeurs n'osent pas avouer qu'ils souhaitent s'abstenir ( car le vote est un "devoir civique") et donnent une autre réponse ( par exemple, écologiste parce que celà permet, pensent-ils, de ne pas vraiment choisir). D'autres cachent leur intention de voter pour Jean Marie LE PEN ( parce qu'on pense que c'est un vote "inavouable") et, là encore, donnent pourtant une réponse aux enquêteurs, par exemple Nicolas SARKOZY, parce qu'ils pensent qu'il a un bon bilan sur la sécurité. On pourrait continuer. On a compris : nous avons que nous sous-représentons l'abstention et le FN, que nous surreprésentons les partis du gouvernement ou les partis écologistes.

Nous le savons de manière empirique, parce que nous l'avons constaté, depuis des décennies. Nos confrères des autres pays sont dans la même situation. L'une de nos tâches est donc de remédier, techniquement, à ces écarts. L'histoire des sondages nous paraît prouver que nous n'y sommes pas trop mal parvenus, malgré des difficultés ponctuelles. Que signifierait donc la publication de données brutes que nous savons fallacieuses ? Faire croire que Jean Marie LE PEN obtiendrait moins de voix que son niveau réel ? Faire croire que tel autre candidat en obtiendrait plus ?

Non : cette demande vise, croyons nous,à décrédibiliser les sondeurs, en laissant entendre qu'ils "manipulent" leurs données. Or ce travail de nature scientifique sur les données, nous le revendiquons pleinement. C'est notre métier. Les sciences sociales ne sont pas des sciences exactes. Elles sont fondées sur une démarche scientifique. Les sondages constituent une évaluation approximative de l'opinion qui comporte des marges d'erreur inhérentes à leur méthode. Ce ne sont pas des pratiques de sorcellerie. Nous ne sommes pas des magiciens. Nous sommes de simples chercheurs. Seuls les professionnels et en dernière instance, les citoyens, sont en définitive juges de la qualité de nos travaux.

Le sondage fait partie de la panoplie de la démocratie d'aujourd'hui. N'en déplaise à tel éditorialiste, à tel bloggeur, à tel journaliste, voire à tel politique. L'interdiction des sondages est l'un des signes des dictatures. Grâce au sondage, le citoyen peut mesurer, en toute responsabilité, le poids de son vote personnel. Ceux qui crient haro sur les sondeurs ne se méfieraient-ils pas, plutôt de l'opinion ? Que devient alors la démocratie ?

Dernier détail avant la dernière ligne droite du premier tour : au soir des résultats du premier tour, vous aurez le nom du futur locataire de l'Elysée ! Mais laissez nous le temps entre les deux tours d'étudier les reports de voix. La tendance actuelle qui ne varie pas depuis 6 mois désormais donne lieu à de larges commentaires et inquiéte les partis de Gauche et de Droite. Les électeurs semblent presser d'en découdre. Mais il ne faut pas pour autant vendre la peau de l'ours comme le dit si bien Marc BALDY !


12/04/2007
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