956- Réflexions de fond 14 posts

croquis d'ambiance


Baromètre BVA

Les Français et les sympathisants UMP ne veulent plus de Fillon ni, surtout, de Copé

Les Français mais surtout les sympathisants de l'ensemble de la droite, et tout particulièrement ceux de l'UMP sont une large majorité à souhaiter que ni François Fillon, ni Jean-François Copé ne se représentent lors des nouvelles élections de septembre 2013.

Comme toujours, Copé est nettement plus rejeté que Fillon : 76% des Français et 69% des sympathisants de l'UMP ne veulent pas que Copé se représente en septembre. Mais Fillon est lui-aussi rejeté, même si le désaveu qui le frappe est moins cinglant : 61% des Français et 52% des sympathisants de l'UMP ne veulent pas qu'il se représente.

Français et sympathisants de l'UMP risquent fort d'être déçus : en septembre prochain, ils reverront ceux qu'ils semblent considérer comme les deux fossoyeurs de l'UMP, et Copé plus sûrement encore que Fillon.

Souhaits de victoire pour septembre : les non-alignés montent en puissance, les sympathisants de l'UMP

«votent » Fillon ; Copé, lui, est de loin dernier

 

Cohérents avec eux-mêmes, les Français plébisciteraient les non-alignés s'ils devaient choisir un chef à l'UMP en septembre prochain. NKM serait première avec 28%, devant Bruno Le Maire, second avec 25%. Fillon ne serait que troisième avec 24% et Copé, dernier, très loin avec 10%.

Les sympathisants UMP, eux, opteraient toujours pour Fillon, mais moins nettement qu'auparavant. Premier avec 36%, il ne devancerait que de 9 points NKM, seconde avec 27%. Le Maire serait troisième avec 20%. Copé serait dernier avec seulement 14% de souhaits auprès des sympathisants du parti dont il est aujourd'hui le Président. Mais, encore une fois, les sympathisants ne sont pas les adhérents …

 

Les critiques de la gauche populaire sont largement partagées par les Français, mais nettement moins par les sympathisants de gauche

Les critiques récemment faites au Président par « la gauche populaire » sont largement partagées par les Français: 61% des Français jugent que François Hollande ne se préoccupe pas assez des questions économiques et sociales, 63% qu'il s'inquiète insuffisamment du maintien des services publics dans les campagnes … et ils sont même une majorité à estimer qu'il ne se préoccupe pas assez des classes populaires (53% contre 45%). C'est donc très sévère.

Cependant, la plupart de ces critiques ne sont pas partagées par une majorité de sympathisants de gauche, et encore moins par ceux du PS : Les sympathisants de gauche n'estiment pas que François Hollande ne se préoccupe pas assez des questions économiques et sociales (52% ne sont pas d'accord. Ils sont même 64% auprès des sympathisants socialistes). Ils ne pensent pas non plus qu'il ne se préoccuperait pas assez des classes populaires (52% et 62% auprès des socialistes). En revanche, comme l'ensemble des Français, les sympathisants de gauche (59% contre 40%) et même, parmi eux, une courte majorité de socialistes (50% contre 48%) jugent qu'effectivement, le Président ne se préoccupe pas assez du maintien des services publics dans les campagnes.

Il existe donc un hiatus entre les perceptions encore majoritairement favorables des sympathisants de gauche, et celles des Français, aujourd'hui majoritairement défavorables au Président.

Ce hiatus s'explique : les critiques de la gauche populaire ne sont pas partagées par une majorité de sympathisants socialistes, mais à la fois par les sympathisants d'extrême-gauche (60% lui reprochent par exemple de ne pas assez se préoccuper des classes populaires) et par les sympathisants de droite, par principe hostiles à François Hollande (55% sur les classes populaires).

 

 

Donc si les critiques émanent bien du camp du Président, elles ne sont aujourd'hui pas partagées par celui-ci. Pas de quoi trop se rassurer tout de même : de tels reproches largement partagés adressés à un Président ont de quoi inquiéter. Surtout quand 61% des ouvriers et employés estiment que ce Président ne s'occupe pas assez d'eux.

 
 

Les critiques formulées par la gauche populaire sont jugées légitimes sur leur principe par huit sympathisants de gauche sur dix

Fâcheux pour François Hollande, et bien pratique pour les élus composant le collectif « gauche populaire » : leur démarche est plébiscitée par les Français comme par les sympathisants de gauche.

86% des Français et 81% des sympathisants de gauche jugent positivement le principe de leur démarche, estimant « qu'ils ont raison de dire leur mécontentement, car ce n'est pas parce qu'ils sont socialistes qu'ils ne peuvent pas exprimer des avis contraires à la ligne gouvernementale ».

Les tenants de la ligne « ferme ta gueule ou démissionne » sont archi-minoritaires, y compris auprès des sympathisants de gauche (18%) et même plus particulièrement parmi les sympathisants du PS (25%).

Notons tout de même que la cacophonie que cela entraîne pour le gouvernement enthousiasme davantage à droite (90% de soutien à l'UMP et 88% au FN) qu'au PS (75%).

Pour Baumel, Kalfon et consorts, le piège est donc parfait : même si elles ne sont pas (encore) majoritairement soutenues par les sympathisants de gauche, leurs critiques sont partagées par nombre de Français, et le principe de critiquer le gouvernement alors qu'on est socialiste est unanimement reconnu.


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Florange: est-ce une trahison ou un compromis historique?
Voici deux articles d'Eric Le Boucher qui  interpellent la gauche et les socialistes.MB

Manifestation des ArcelorMittal en octobre 2012 à Metz. REUTERS/Vincent Kessler


..."On a résumé ainsi le mitterrandisme: un socialisme gestionnaire. Le Parti socialiste avait fait la démonstration qu'il était «un parti de gouvernement», les Français peuvent lui (re)confier les clefs du pays.

Mauvaise focale

François Hollande reprend l'ambition abandonnée par son prédécesseur. Il sait que pour l'économie, il ne pourra pas faire grand-chose, tant les contraintes l'entravent. Mais il croit pouvoir agir pour transformer la France sociale: «J'en appelle à toutes les organisations et les entreprises à faire ce compromis historique […] Il faut à la France un nouvel état d'esprit, celui de la coopération des forces productives», a-t-il dit lors de sa conférence de presse. Il a évoqué une «coresponsabilité» du capital et du travail.

La France est-elle plus prête en 2012 qu'en 1983? La réponse s'impose, négative, en observant l'incroyable attention politique et médiatique portée au mauvais sujet de Florange et le silence sur le bon sujet des négociations syndicats-patronat sur l'emploi et le droit du travail.

Cette mauvaise focale indique combien le pays est encore dans la recherche gourmande du conflit. Les mots, directement issus de la lutte des classes, sont illustratifs: «la gauche dure contre la gauche molle», la «victoire du Medef» et la «défaite des sidérurgistes», «trahison!».

La réalité n'est pas de fer et de feu, elle est plate et froide: depuis quarante ans, l'acier coulé en bord de mer avec des minerais et du charbon importés a tourné la page de l'acier lorrain. Au lieu de «défendre» les réduits de l'indéfendable, les élus locaux et les syndicalistes auraient dû regarder l'avenir, donner d'autres rêves aux enfants et diversifier l'économie.

Cette incapacité française à accepter la réalité économique, ce déni[1] qui va jusqu'à l'interdiction politique à droite comme à gauche des mots comme «austérité», «flexibilité» et, jusqu'à hier, «compétitivité», cette fuite dans la posture politique, vient de deux facteurs.

D'abord de ce qui demeure la prééminence des idéologies d'extrême gauche sur les esprits français. Le Parti socialiste n'a jamais su se défaire de son goût pour la révolution, de la période Mitterrand il est sorti schizophrène: ses mains sont gestionnaires, sa tête reste marxisante. On l'a écrit ici: l'analyse du PS de Martine Aubry de la crise actuelle, qualifiée de «crise du libéralisme», l'a conduit à une pensée prélibérale et non pas post-libérale. Le capitalisme est devenu «dur», il ne sert plus les intérêts que des ultrariches, il faut, comme dit Jean-Luc Mélenchon, «le cogner». Avec du «volontarisme», Mittal allait voir ce qu'il allait voir...

De trop faibles syndicats

On a vu. Ce volontarisme s'écroule devant les chiffres. Jean-Marc Ayrault n'a pu que mettre fin aux fanfaronnades, avec raison, heureusement. Les 630 salariés des hauts-fourneaux de Florange pourront conserver leur emploi ou partir en retraite, des milliers d'autres en France rêveraient d'un sort équivalent.

L'autre raison de la fuite dans la politique utopique est la faiblesse syndicale. Trop d'organisations, très peu représentatives. La grève de la fonction publique de 1995 a donné la prime aux surenchères guevaristes. Ce n'est pas la plus inutile des réformes de Nicolas Sarkozy que d'avoir commencé à s'y attaquer.

Transformer les rapports sociaux, sortir de ce «dialogue de crise» qui plaît tant aux politiciens, aux syndicalistes de tribune et aux médias, serait une réussite «historique». Le ministre du Travail, Michel Sapin, pense que la crise offre une prise de conscience et que les syndicats sont prêts à passer à autre chose que la politique défensive. Si les partenaires sociaux ne se mettent pas d'accord, le gouvernement proposera un texte mais la réforme en sera moins solide et moins profonde.

Les difficultés ne sont pas du seul côté syndical. La succession au Medef complique aussi le jeu dans un monde patronal qui n'est pas unanime sur la nécessité d'un basculement de la France dans un modèle de coresponsabilité. Florange devrait convaincre les grands patrons industriels à pousser plus fort et les élus socialistes que l'avenir social ne se joue plus dans le conflit."

Eric Le Boucher ( slate.fr)

Article également paru dans Les Echos

FLORANGE.QUELLE TRAHISON?


Les 620 salariés des hauts-fourneaux de Florance, du groupe Arcelor Mittal, ont sauvé leur emploi. Aucun ne sera licencié, il leur sera proposé un reclassement ou un départ en préretraite dans de bonnes conditions.

Des milliers de salariés d'autres entreprises qui ferment en France tous les jours rêveraient d'être traités de la sorte. Et pourtant, les sidérurgistes se sentent trahis. Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre qui a pris la décision du compromis avec Mittal, est traité pis que pendre.


Ce décalage entre le but atteint –sauver les emplois– et le sentiment de frustration est à mettre au compte de ceux qui ont cru à la possibilité de rallumer les deux haut-fourneaux en les nationalisant.

Ils sont très nombreux: les sidérurgistes eux-mêmes, du moins certains d'entre eux, des syndicalistes, des élus lorrains et nationaux, 60% des Français selon un sondage et Arnaud Montebourg le ministre en charge du dossier.

Tout ce monde a cru qu'il y avait «une autre solution» que celle retenue par le Premier ministre, et qu'il suffisait de l'imposer au propriétaire indien. Ce qui a manqué, dit Edouard Martin, le délégué CFDT, ce sont «des couilles».

Nous voilà amenés par le bas ventre à la haute politique: ce dossier Florange serait la deuxième fracture au sein de la gauche après celle du rapport Gallois.

François Hollande et Jean-Marc Ayrault auraient choisi deux fois de suite la voie sociale-démocrate ou sociale-libérale, selon le terme de l'extrême gauche. Il y a la gauche dure, la première gauche, et la gauche molle, la deuxième gauche. Affaire de courage autant que de vision du monde. Compromis ou lutte?


Une solution néfaste pour les salariés

Ce clivage entre les deux gauches correspond à une longue histoire du socialisme. Elle existe. Mais quand on regarde Florange, on se dit que ça ne colle pas. C'est du faux. Il n'y a pas débat entre deux solutions plus ou moins courageuses.


Tout simplement parce qu'à l'examen, la solution de la nationalisation provisoire eut été une voie périlleuse, à coup sûr la plus néfaste pour les salariés.


Nous sommes exactement comme en 1983 avec la fameuse «autre politique», autre que celle choisie par François Mitterrand (la rigueur pour rester dans l'Europe) qui est restée mythique pour la bonne raison qu'elle n'a jamais été formulée, autrement que comme un mythe. L'autre politique n'existait pas (sauf bien entendu à isoler la France comme l'Albanie). L'autre solution à Florange n'existait pas.

Examinons. Nationaliser? Mais quoi? Il y avait trois possibilités, toutes stériles.


1. D'abord, nationaliser les deux haut-fourneaux seuls. Mais au minimum il fallait imposer aux installations «aval» lorraines d'acheter le métal. Plus cher donc que le prix des brames qui viennent de Dunkerque. Il eut fallu dédommager l'aval (c'est-à-dire la transformation de l'acier).

Le contribuable aurait donc dû payer non seulement l'achat des deux hauts-fourneaux mais leur exploitation. Combien? Et combien de temps? Rappelons que ces deux fours sont vieux et trop petits (un million de tonnes chacun contre 7 millions à Dunkerque).


2. Nationaliser l'aval avec les haut-fourneaux. Cela ne change pas grand-chose. L'acier produit en bout de laminoir est plus cher, qui paiera la différence? Peugeot et VW, les clients, n'auraient pas accepté le surcoût. Le contribuable aurait été appelé à la rescousse. Sans compter que l'acier produit à Florange serait à soustraire de la production de Dunkerque, ce qui aurait affaiblit la rentabilité de ce site donc ses emplois.

L'idée qu'un repreneur privé puisse racheter cette installation de Florange à l'Etat est un pur mensonge: aucun entrepreneur honnête ne peut le faire. Ce n'est pas un hasard si Arnaud Montebourg n'a jamais donné son nom.


3. Nationaliser tout Mittal-France? Cette troisième possibilité ne tient pas plus la route. Le groupe Mittal est intégré en Europe, en découper un bout aurait désorganisé l'ensemble. Coup dur pour Mittal, c'est sûr. Mais coup dur aussi pour Acier-de-France qui se verrait isolé du reste.

Aurait-il eu accès aux clients étrangers? Nous serions revenus à l'avant-Mittal, or à cette époque le groupe Arcelor voulait déjà fermer les deux haut-fourneaux de Florange.

La solution de nationalisation étant impossible, le compromis était nécessaire. Est-ce un bon compromis?

Pour les salariés pris individuellement? Oui. Pour le site? Pas sûr.

La solution européenne Ulcos, d'une transformation en haut-fourneau expérimental pour évacuer moins de CO2 ne sauvera pas le site. Si la Commission européenne accepte le projet, un seul des deux haut-fourneaux repartira et encore, provisoirement. La réalité de vétusté est incontournable et le restera.

Le drame du décalage entre le résultat et l'espoir renvoie à une illusion: celle de sauver ces deux installations dépassées. C'est un déchirement pour les salariés. Mais on aurait pu l'éviter si certains syndicalistes et hommes politiques n'avaient pas nourri cette illusion. Certains l'ont fait par aveuglement devant les chiffres, d'autres l'ont fait par calcul de carrière personnelle. Ce sont eux qu'il faut blâmer.

Trahison de la deuxième gauche? Tu parles...

Eric Le Boucher slate.fr



Signature du dessinateur Deligne

Mittal vs. Florange : un coup en vache !

Mittal vs Florange : un coup en vache









11/12/2012
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