866- La roche tarpéienne était près du Sofitel 70 posts

Tentative d'Explication

http://www.voltairenet.org/Obama-la-guerre-financiere-et-l

Les Français ont assisté avec stupeur à l'arrestation aux États-Unis du leader politique le plus populaire chez eux, Dominique Strauss-Kahn. Ancien ministre de l'Économie, l'homme était devenu le haut fonctionnaire le mieux payé au monde (salaire de base annuel, hors primes et frais : 461 510 USD) et s'apprêtait, disait-on, à briguer la présidence de la République. Cette personnalité chaleureuse, connue pour son appétit à table et au lit, parfois accusé de faire de la politique avec dilettantisme tant il aime prendre le temps de jouir de la vie, est accusée d'avoir violé précipitamment une femme de chambre dans un hôtel de Manhattan.

Pendant six jours, les Français sont restés vissés devant leurs écrans de télévision à regarder hébétés l'acharnement judiciaire contre un homme qu'ils s'étaient habitués à considérer comme un recours possible après le catastrophique quinquennat de Nicolas Sarkozy. Sa chute était aussi la fin de leurs illusions.

Le spectacle de ce destin brisé tient de la tragédie antique. Le dicton romain « Arx tarpeia Capitoli proxima » revient sur les lèvres : la roche tarpeïenne d'où les condamnés à mort étaient précipités dans le vide était si proche du Capitole, lieu symbolique du pouvoir et des honneurs.

Indépendamment de toute considération sur son innocence ou sa culpabilité, le broyage d'une si haute personnalité ne peut que provoquer l'angoisse chez le simple citoyen : si celui-là ne parvient pas à se défendre, alors comment pourrions-nous espérer le faire si nous étions accusés comme lui ?

L'ascension et la chute

Cependant les Français étant un peuple politisé, nourri des leçons de Machiavel sans jamais l'avoir lu, n'ont pas tardé à s'interroger sur le bien-fondé de l'accusation portée contre leur concitoyen, DSK. À 57 %, selon des sondages d'opinion, ils n'ont pas cru cette histoire de rut que les médias états-uniens se délectent à raconter. Les uns se sont mis à imaginer les scenari possibles de manipulation, tandis que les autres se demandaient « Cui bono ? » (À qui profite le crime ?).

À ce jeu là, le premier nom qui vient à l'esprit est celui de Nicolas Sarkozy. Comment ne pas y penser lorsque l'on se souvient qu'il est devenu président en portant plainte contre son principal rival, Dominique de Villepin, et en l'empêtrant dans une affaire tout aussi rocambolesque de faux documents. Alors, pourquoi pas un nouveau complot pour écarter un nouveau concurrent ?

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Dessin de Plantu paru dans « Le Monde » du 25 mai 2011.

Et peu importe que les deux hommes aient eu besoin l'un de l'autre pour préparer les prochains sommets internationaux, ni qu'ils aient été tous deux inféodés au suzerain états-unien. On sait bien que les pires crimes exigent le sang des amis ou mieux des parents.

Au demeurant, les Français ignorent les attaches de DSK [1], comme ils ignoraient celles de Nicolas Sarkozy lorsqu'ils l'ont élu [2]. Jamais la presse ne les a informés que, dans les années 90, au cours de sa traversée politique du désert, il avait été engagé comme professeur à l'université de Stanford par une certaine… Condoleezza Rice. Ils ne savent pas non plus que lui et ses lieutenants Pierre Moscovici et Jean-Christophe Cambadélis furent chargés du financement du Parti socialiste et de la Fondation Jean-Jaurès par la National Endowment for Democracy —façade légale de la CIA [3]—. Ils n'ont pas suivi ses nombreux travaux et contrats avec les think tanks atlantistes, le German Marshall Fund of the United States [4] ou le Groupe de Bilderberg [5]. En définitive, ils ne savent rien de son engagement pour l'intégration de la France et de l'Europe au sein d'un grand marché transatlantique dominé par les États-Unis.

Les Français n'en savent pas plus sur ses liens étroits avec Israël. Il pilote au sein du Parti socialiste le Cercle Léon Blum, du nom d'un ancien Premier ministre. Ce discret et puissant lobby veille à écarter de la scène politique tout individu qui contesterait le projet sioniste. Ainsi fait-il tomber des têtes, comme celle du politologue Pascal Boniface qui soulignait le caractère électoralement contre-productif d'un soutien à Tel-Aviv dans un pays où 10 % de la population est de culture arabe. DSK ne se cache pourtant pas. Il déclare sans ambage : « Je considère que tout juif de la diaspora et de France doit apporter son aide à Israël. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle il est important que les juifs prennent des responsabilités politiques. En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, à travers l'ensemble de mes actions, j'essaie d'apporter ma modeste pierre à la construction d'Israël. » Bizarre pour quelqu'un qui brigue la présidence française. Peu importe, il est si jovial.

Néanmoins, rien n'aura été épargné à Dominique Strauss-Khan et à ceux qui l'aiment : pendant qu'il était placé en garde à vue, puis en détention préventive, sans jamais avoir l'occasion de s'exprimer, le procureur de New York faisait distribuer aux médias un acte d'accusation détaillé.

On peut y lire le descriptif froidement clinique du crime imputé : « L'accusé a tenté d'avoir, par la force, une relation sexuelle anale et orale avec un tiers ; l'accusé a tenté par la force d'avoir des rapports vaginaux avec un tiers ; l'accusé a forcé un tiers à un contact sexuel ; l'accusé a séquestré un tiers : l'accusé a obligé un tiers à un contact sexuel sans son consentement ; l'accusé a de façon intentionnelle et sans raison légitime touché les parties génitales et autres parties intimes d'un tiers dans le but d'avilir cette personne et d'abuser d'elle, et dans le but d'assouvir le désir sexuel de l'accusé.
Ces délits ont été commis dans les circonstances suivantes : le soussigné déclare avoir été informé par une personne connue des services du procureur que l'accusé 1) a fermé la porte de la pièce et a empêché la plaignante de quitter cette pièce ; 2) s'est saisi de la poitrine de la plaignante sans son consentement ; 3) a tenté de retirer de force le collant de cette personne et de toucher ses parties génitales de force ; 4) a forcé la bouche de la plaignante à toucher son pénis à deux reprises ; 5) a pu commettre ces actes en utilisant sa force physique
. »

Tout cela étalé des jours durant au journal de 20h, avec moult détails, sous les yeux écarquillés de parents rentrant du travail, et devant des enfants effarés baissant leur nez sur leur assiette de potage.

Le choc culturel

On ne sait qui est le plus traumatisé : le brillant économiste qui devait sauver l'humanité de la crise financière et se trouve soudain ravalé au rang d'infâme criminel, ou le peuple qui aspirait au repos et envisageait de le choisir pour chef, et se voit contraint d'observer une fois de plus la violence des États-Unis.

À ce sujet, les Français cherchent des excuses au système judiciaire anglo-saxon qu'ils découvrent. Certes, ils avaient déjà vu cette parodie de justice dans des séries télévisées, mais ils n'avaient jamais cru que cela existât pour de vrai. Et du système extra-judiciaire, de Guantanamo et des prisons secrètes, ils n'ont jamais rien voulu savoir. Quelques commentateurs ont tenté d'expliquer la dureté de la police et du premier juge comme une volonté de traiter à égalité les puissants et les faibles. Ils ont pourtant tous lu les travaux d'illustres sociologues montrant que dans ce système inique l'argent est roi, et la justice est de classe.....

.......Le Projet ZHOU.....

Le grain de sable

Malheureusement, durant les derniers mois de ce processus, des initiatives militaires et politiques ont bouleversé ce plan. Certains États —dont la Russie et la Chine— ont été floués. L'arrestation de DSK montre que Washington était de mauvaise foi et que ses concessions ne visaient qu'à gagner du temps.

Bien que le détail exact du montage imaginé par Dominique Strauss-Kahn pour créer cette nouvelle monnaie de réserve adossée aux Droits de tirages spéciaux du FMI soit secret, il apparaît que la Libye y jouait un rôle clé : à titre expérimental, c'est la Banque centrale libyenne qui la première avait décidé de fonder sa monnaie, le dinar, sur l'or et au delà sur les DTS. La chose est d'autant plus importante que la Libye dispose d'un fond souverain parmi les mieux dotés du monde (il est même un peu plus riche que celui de la Russie).

Or, en entrant en guerre contre la Libye, la France et le Royaume-Uni ont provoqué un gel théorique des avoirs non seulement de la famille Kadhafi, mais de l'État libyen. Pis, Paris et Londres ont dépêché des cadres de la banque HSBC à Benghazi pour créer une Banque centrale libyenne rebelle et tenter de s'emparer des avoirs nationaux [13]. Sans que l'on sache si Nicolas Sarkozy et David Cameron se sont laissés emporter par l'ivresse de leur force ou ont agi sur instruction de leurs mandants à Washington, le fragile édifice élaboré par Dominique Strauss-Kahn s'est effondré.

Selon nos contacts à Tripoli, au moment de son arrestation, DSK partait à Berlin pour trouver une solution avec la chancelière Angela Merkel. Il devait ensuite partir avec un émissaire de Mme Merkel négocier avec des représentants du colonel Kadhafi —voire avec lui directement—. La signature du Guide libyen étant indispensable au déblocage de la situation.

On assiste désormais à une guerre financière d'une ampleur jamais égalée : alors que la situation économique des États-Unis vacille et que le dollar pourrait devenir rapidement une monnaie de singe, l'accord conclu au G8 et avalisé au G20, mis en œuvre par le FMI en coordination avec la Banque mondiale et les milieux bancaires internationaux dont DSK était le champion, est suspendu. La domination du dollar est intacte quoique plus que jamais artificielle ; ce dollar que les États émergents voulaient relativiser, mais sur lequel le complexe militaro-industriel israélo-états-unien assoit sa puissance.

Dans ce contexte que vaut l'honneur d'un homme ?

Thierry Meyssan

Source
Komsomolskaïa Pravda


FUITES curieuses dans l'affaire DSK (Le Soir)

http:///www.lesoir.be/dossiers_speciaux

Leonard Levitt est journaliste, spécialiste de la police new-yorkaise, le NYPD. Dans un article paru sur son blog et sur le Huffington Post, le journaliste américain s'interroge sur les fuites qui ont marqué le début de l'affaire DSK, notamment celles qui voyaient des morceaux du rapport de police atterrir sur un site d'information français marqué à droite, atlantico.fr. Il y voit une explication : les liens entre le commissaire principal de la police de New York, Ray Kelly et le président français, Nicolas Sarkozy. « Kelly et son épouse Veronica sont francophiles », affirme Levitt, qui rappelle que cela est notamment dû aux voyages réguliers que Kelly fait à destination de la France, où siège Interpol.

Et puis, il y a cette Légion d'honneur qui lui est décernée en 2006 par le ministre français de l'Intérieur de l'époque. Nicolas Sarkozy. « Au fil des ans, leur relation a apparemment prospéré », ajoute le journaliste américain, cité par le Nouvel Obs sur son site internet. Le journal français s'étonne par ailleurs être le seul journal français à reprendre l'information. « Étonnant phénomène, qui consiste à traiter d'une information en montrant à l'envi des images qui n'ont qu'une faible valeur informative, alors même que ce week-end, un journaliste américain spécialisé dans les affaires de police a lâché une bombe à info. Un fait important, qui pourrait expliquer certaines fuites françaises survenues depuis qu'a débuté l'affaire de New York et qui n'a quasiment été repris nulle part en France par les professionnels de la profession journalistique. »

Délicat, comme sujet, n'est-ce pas ? Levitt va plus loin encore dans les liens qu'il décèle entre Sarkozy et le NYPD : pendant l'été 2010, le président français a remis la Légion d'honneur à Alain Bauer, criminologue français et expert en sécurité nationale, l'homme qui aurait permis à des détectives new yorkais d'être affectés en permanence à Paris dans le cadre de la lutte antiterroriste. Ray Kelly a été invité à assister à la cérémonie, relève Levitt.

Mais que déduire de tout ceci ? Un chef d'Etat, ancien ministre de l'Intérieur qui plus est, qui a eu des contacts avec l'un des services de police les plus importants du monde, so what ? Le journaliste américain s'étonne de l'attitude de Ray Kelly lorsqu'en mai, à plusieurs reprises, des informations importantes à charge de DSK fuitent à destination de la presse française. Selon Levitt, le commissaire du NYPD s'est montré autrement plus déterminé à traquer les fuites lors d'affaires précédentes, tandis que dans le cas des fuites DSK, il a opposé un très léger « J'espère que ça n'est pas le cas ». Levitt n'en tire pas de conclusions plus définitives, se contentant de relever que la différence d'attitude du chef de la police new-yorkaise est « curieuse"

http://www.lesoir.be/dossiers_speciaux/special5/2011-06-07/dsk-les-liens-entre-la-police-de-new-york-et-sarkozy-844285.phpk



Viol, présomptions et préjugés par  Serge PORTELLI



Le décalage géographique et culturel de l'affaire DSK interroge la France sur sa loi et ses pratiques. Quelques devins nous apprennent déjà la vérité sur les faits et sur les personnalités en cause. Laissons-les à leurs certitudes charlatanesques mais ne nous interdisons pas quelques constats élémentaires qui ne sont en rien une prise de position sur un procès en cours.


La présomption d'innocence a été au coeur des premiers débats sans que l'on précise toujours sa signification et sa portée. Sa meilleure définition est donnée par l'article 11 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1948 (valable des deux côtés de l'Atlantique): "Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées". Le fondement de ce principe fondamental est la possibilité d'une erreur judiciaire. La justice étant par essence faillible - puisque rendue par des hommes - l'histoire et l'actualité nous montrent des hommes accusés et condamnés à tort (Callas, Dreyfus, Dils...), subissant des préjudices terribles et irréversibles parce que toutes les précautions nécessaires n'avaient pas été prises. D'où le devoir de prudence et l'exigence de rigueur dans l'appréhension des preuves mais aussi dans le traitement du suspect, de façon à éviter, jusqu'au procès public et contradictoire, tout ce qui pourrait ressembler à un pré-jugement.


Ce principe vaut pour les infractions sexuelles comme pour toute autre délinquance. Il n'y a aucune exception. La question peut se poser de savoir si la détention provisoire - très fréquente en France en matière de viol - respecte vraiment ce principe. L'exhibition humiliante du suspect aux Etats Unis conduit à la même interrogation.


Cette présomption d'innocence est aujourd'hui mise à mal en France car beaucoup de politiques, le président de la République le premier, par ignorance ou plus vraisemblablement par calcul, utilisent régulièrement l'expression et le concept inverse de "présumé coupable" et mettent en avant le droit des victimes qui serait devenu "le premier des droits de l'homme", avant même la présomption d'innocence.


Soyons clair, il n'existe pas de "présomption de culpabilité". Il y a bien, pendant le temps de l'enquête, des indices, des charges, des preuves dont l'accumulation et la concordance peuvent être suffisamment fortes pour justifier le renvoi du suspect devant le tribunal. Mais si écrasantes que soient ces preuves, elles ne transforment en rien le suspect en "présumé coupable". Bien au contraire: les aveux les plus précis, les témoignages les plus accablants, les pièces à convictions les plus évidentes, ne doivent jamais écarter le juge de ce doute essentiel sur l'accusation. Tout simplement parce que toute l'histoire de la justice nous montre, de tout temps, des innocents que tout désignait, que tout accablait, à tort.


Mais faire respecter les droits des suspects n'a jamais signifié ignorer ceux des victimes. Les droits de l'homme bénéficient à tous. C'est leur respect global qui fonde une démocratie. Les victimes ont bénéficié tardivement de droits. Ceux-ci ont émergé progressivement dans les lois nationales mais aussi dans le droit international puis dans la réalité. Citons-en quelques uns parmi les plus importants: droits d'accéder à la justice, à être informé, à être assisté ou accompagné, à obliger l'Etat à enquêter efficacement, droits à un procès équitable, à être indemnisé, à être protégé, à être pris en charge, à être traité avec compétence... Tous ces droits forment peu à peu un "statut" de la victime qui mériterait aujourd'hui d'être officialisé dans une loi spécifique. Ce statut ne comporte pas de présomption équivalente à celle dont bénéficie le suspect, car la situation de la victime n'est pas la même. Quelle serait d'ailleurs cette présomption? Une présomption de vérité? D'après laquelle il faudrait toujours présumer que sa version est exacte? Cette position est intenable et dangereuse. Personne, dans un procès, ne doit bénéficier d'un tel avantage, qu'il soit accusé, témoin, plaignant, qu'il soit adulte ou enfant, homme ou femme. La présomption d'innocence ne signifie d'ailleurs en rien que le suspect dit vrai: elle oblige seulement à prendre des précautions.


Le fondement du statut de la victime est qu'elle doit être traitée avec dignité. De ce point de vue l'état du droit et de la pratique des Etats Unis où une armée de détectives privés - et non des policiers - grassement payés, peuvent tout faire pour mettre à mal la réputation et l'honneur d'une femme qui se plaint d'un viol, en fouillant dans les moindres recoins de sa vie privée, est terrifiant.


En France, d'immenses efforts doivent encore être accomplis pour que les victimes soient traitées dignement, qu'elles bénéficient d'une réelle assistance juridique et qu'elles puissent être prises en charge efficacement pendant et après le procès. Les déclarations incantatoires et le démagogie en la matière ne peuvent plus dissimuler aujourd'hui le manque cruel de moyens des professionnels et des associations qui travaillent en faveur des victimes et la responsabilité d'un Etat bavard mais inefficace.


Au-delà du droit, le travail essentiel, s'agissant des viols, est de lutter contre les préjugés. Les images faciles, les idées toutes faites, les jugements à l'emporte-pièce, les fantasmes, sont là, bien présents, malgré les quelques progrès du droit et des sciences humaines. Nous avons quitté ce temps de la quasi-impunité du viol, de l'inceste, des agressions sexuelles, du harcèlement où la parole de la femme et de l'enfant était tenue pour négligeable. Mais le machisme est loin d'avoir disparu et la violence sexuelle reste dramatique. Il s'agit de trouver un nouvel équilibre en évitant de nouveaux dangers: la diabolisation les auteurs de ces infractions, la démagogie répressive, la promotion de traitements mécaniques voire automatiques (prétendue "castration chimique", voire physique), la sacralisation de la parole de la victime... Le chemin sera encore long pour concilier les droits et la dignité de chacun.



NB Cet article est paru dans l'avant-dernière édition de l'Humanité-Dimanche.

Le dernier numéro de Télérama est consacré notamment à la justice et contient une longue interview sur le sujet

                               ***µµµµµµµ***

La roche tarpéienne était près du Sofitel

 

 

J'ai tenté de vous parler d'autre chose: des livres que je lis (le bouquin de Giesbert (2), celui de Roland Dumas (3), celui de notre compatriote Raymond Sasia un peu plus ancien, de ceux de Marie Gatard consacrés aux services spéciaux de la défense nationale pendant la Résistance, ou du dernier de Jacques Baynac (1)dont j'ai visité l'appartement au dessus de l'épicerie des parents Gambetta), de l'actualité lotoise,de la préparation de la présidentielle ou des sénatoriales…C'est inutile,il faudra y venir plus tard, tout le monde ne parle que de « l'affaire DSK ».

 

Au bistro samedi,au marché le matin,sur le boulevard vers 13 heures à la terrasse du Palais,  à la table de La Chartreuse la veille ou l'avant-veille, le dimanche entre amis …il n'est question que de cela.Chacun expose son point de vue, interroge la toile ou consulte son journal.Des milliers de procureurs et de juges  se découvrent... Nous sommes dans une série télévisée en direct, un faux direct parfois qu'on nous annonce  en vain devant un carrefour vide près d'une immense prison. Victor Joubert sur son blog ( http://lantifadas.midiblogs.com )nous propose une page du dernier SAS.Pourquoi pas le suivre c'est aussi plausible que la version officielle venue des USA.

 

Sur ce blog les internautes, à ma demande sont restés sobres et prudents,pour ne blesser personne.Le pouvoir a lui-même retenu sa langue et sa plume.Les socialistes sont choqués, et se taisent fascinés par la violence des images venues d'un « tribunal ».Voilà que s'expriment des femmes pour défendre celle qui apparaît comme la victime.D'autress compatissent à la douleur de l'épouse de l'accusé.

 

Ce n'est pas ici que nous défendrons telle ou telle hypothèse.Ce qui est sûr c'est que, quelle que soit l'issue de cette affaire - laquelle ne semble pas prête de s'éteindre- il y aura deux victimes principales dont la vie aura été saccagée.

 

La femme de chambre noire dont la vie va être disséquée, bouleversée,  violée,exposée,détruite par la défense et les médias.Dominique Strauss-Kahn,le puissant d'hier,foudroyé dès les premières heures, explosé, ravalé au rang des monstres à peine humains.

 

La roche tarpéienne est près du capitole nous enseignait Achille voilà bien longtemps au Lycée Gambetta.Le capitole n'était pas loin semble t'il,la roche tarpéienne.... était au pied du Sofitel.

                                                                     Marc Baldy


NB: (1) " L'Amie inconnue de Jean Moulin Jeanne Boullen" chez GRASSET.
(2)"M.le Président" F-O Giesbert chez Flammarion
(3)"coups et blessures" 50 ans de secrets partagés avec François Mitterrand, au Cherche Midi

                                                    !!!§§§§§§§!!!
 
Désert d'Avenir  

Tribune: de Philippe Sage
blog: Refais Le Monde Avant Qu'il Ne Te Refasse!
Voilà un point de vue que vous n'êtes pas obligés de partager mais qui vaut la peine d'être connu.Pour Philippe Sage...et peut être pour d'autres électeurs de gauche:Le PS ne mérite pas à ce jour d'être présent au second tour de la présidentielle.
...Si cela pouvait être corrigé à temps!!!
  MB


"Oui, il était bien pratique ce DSK. Le candidat idéal. Au CV impeccable. C'était LE professeur. Celui-là même qui faisait la leçon à Sarkozy en mars 2002… Qu'allait le ventiler façon puzzle en mai 2012.

DSK ! L'homme qui plaisait à la droite, au centre, un peu (moins) à gauche, aux banquiers, au MEDEF, aux économistes, enfin, à tous ceux qui veulent préserver, bec et ongle, le « système ». Soit, les mêmes qui, en 2005, et chaque jour que les descendants de Miss Thatcher faisaient, enclumaient sur tous les médias que nous devions voter « Oui » au Traité pour une Constitution Européenne.

DSK ! Un représentant de la sociale-démocratie finissante, mais, également, le « tout-puissant » Directeur Général du FMI, l'homme qui, à en croire les ceusses précités, aurait « sauvé la zone euro ». Un gestionnaire hors-pair. Or donc, une destinée toute tracée. Après tout, François Mitterrand n'a-t-il pas dit :
« Après moi, il n'y aura plus que des comptables ! ».
Comptable du « système », gestionnaire de la « crise », elle est pas belle, la vie ?

Avec un tel homme, le PS, n'avait pas besoin d'un programme ou d'un projet.
C'était lui, DSK, le programme, le projet.
C'est aussi cela que sa « chute » révèle.
Sans lui, le PS est comme mis à nu, pris en flagrant délit de vacuité.

La rénovation ? Ils l'ont zappée ! Pourquoi vouliez-vous qu'ils se rénovent « en profondeur » étant donné qu'ils avaient – dès 2007 – trouvé leur vainqueur potentiel ? L'homme, le providentiel, qu'allait les laver, enfin, et définitivement, de l'affront, celui du 21 avril 2002. Car, ce ne sont pas quelques victoriettes aux régionales, aux cantonales et autres municipales qui pouvaient effacer un tant soit peu cette humiliation, oh non ! Tant on ne soustrait pas des navets à des carottes.

Non mais regardez-les, à présent, ces zozocialistes, comme ils rament ! Leur baobab est tombé, salement, et voilà que nous la voyons, la forêt ; un terrain vague, en vérité.
Un désert d'avenir.
De fait, et d'une certaine façon, il a raison Pierre Marcelle, oui, ce « tout ça » est « plutôt » une bonne chose. Au moins, nous voici affranchis, au parfum. Sans DSK, plus rien ne tient. Ça sent la rustine, ça pue la paresse. Aucune pensée, ni idées nouvelles. Aucun socialisme. Pas la moindre réponse à la crise actuelle. Pas de souffle, pas de beauté, pas de vie.


Pourtant, ici et là, et pas n'importe où, ça se révolte, ça s'indigne, ça bouge, y'aurait de quoi en tirer des leçons, s'exalter, quitte même à surfer sur. Tirer son épingle. Se laisser porter par…
Pensez-vous !
C'est comme si le monde n'existait pas, passée (la rue de) Solferino… Peu leur chaut, Fukushima, les printemps arabes, les grecs encolérés et tutti.

Quant à la mondialisation, alors là, c'est le néant. Et qui s'en empare ? Mélenchon, Dupont-Aignan et… Marine Le Pen, même que c'est à cette dernière que ça rapporte, nous dit-on ; sur la mondialisation, elle capitalise, la souris ! Et après, ça viendrait chouiner, lansquiner, ah mon dieu, mais courons-nous vers un autre 21-avril ?
Mais dans le cas où cela se produira, qui en sera responsable ?
Qui n'aura pas entendu les souffrances du peuple ?
Qui n'en aura pas tiré les leçons ? Où sont les réponses, les idées, le projet ?

Où est l'alternative ?



A ce jour, le PS ne nous propose rien. Sinon : gagner en 2012. La belle affaire ! Mais gagner pour faire quoi ? Pour aller où ?
Pour continuer ainsi, bon an, mal an, sans aucune remise en question du « système », avec de pauvres ajustements à la marge, un peu plus de policiers par ici, de magistrats par là, quelques emplois (précaires) pour les jeunes, une égalité salariale homme/femme qu'on nous promet depuis lustres sans jamais s'y coller, une réforme fiscale faite de bric et de broc, et ainsi de suite… C'est-y pas, un tantinet de trop, nous prendre pour des beribonos de compétition ?

Quant à la cohérence, alors là, vous repasserez. Quand je vois Fabius et ses amis préparer le prochain quinquennat « socialiste », autrement dit les mêmes qui, en 2005, défendaient le « Non » au Traité pour une Constitution Européenne, ça vaut une peignée. Une belle déculottée en 2012.
On ne peut pas, ainsi, et impunément, retourner sa veste, suivant les échéances.
On ne peut pas, ainsi, se moquer constamment du monde, et du peuple de gauche, en particulier.


Or donc, à ce jour, le PS ne mérite pas d'être au second tour. A quoi et à qui cela servirait ?

Le PS n'a pas travaillé, il n'a pas pensé, il ne s'est pas rénové. Il s'est laissé vivre. C'est une coquille vide, un bateau clairement libéral sans envergure, un cimetière.

Pour quelles raisons objectives les ouvriers, les classes moyennes, les précaires, les chômeurs, les exclus de toute nature, donneraient leurs suffrages au futur candidat du PS en 2012 ?... Pour éviter cinq ans de plus avec Sarkozy ?... C'est assez maigre comme raison. C'est même très insuffisant. Le peuple réclame plus. L'exigence.

Et ce n'est pas dix mois qu'il reste, quand on sait ce que c'est qu'une campagne présidentielle. C'est à peine six. Six mois pour proposer un véritable projet de société tenant compte des souffrances, des sacrifices. Six mois pour tirer les leçons de la « crise », des « révolutions », des « indignations ».

Six petits mois pour que « la chute de DSK » s'avère « plutôt une bonne chose pour la (vraie) gauche ».



22/05/2011
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