848-"Faire payer les riches" 8 posts

 De nombreux élus déplorent comme je le fais souvent l'injustice de la fiscalité et l' inadaptation de notre système fiscal aux besoins des collectivités locales.Pour prendre un seul exemple l'impôt foncier et la taxe d'habitation d'une même maison peuvent coûter trois ou quatre fois plus à Cahors ou à Pradines que dans une commune voisine.Des citoyens de plus en plus nombreux critiquent la fiscalité en général et celle qui frappe les classes moyennes en particulier.Parmi les socialistes,François Hollande est l'un des premiers à proposer une profonde réforme de la fiscalité.A droite même des parlementaires UMP reprennent les critiques sur le bouclier fiscal dénoncé par la gauche depuis le début du quinquenat Sarkozy.
Vincent Drézet
du Syndicat unifié des impôts qui vient de publier un ouvrage sur ce thème avec le député européen PS Liêm Hoang Ngo a accordé une interview à Marianne qu'il faut lire en entier sur marianne2.fr. Marc B.


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Marianne : La fiscalité sera-t-elle donc au centre de la campagne de 2012 ?

Vincent Drezet : Oui, et c'est tant mieux. En 10 ans beaucoup de choses se sont passées. Les niches fiscales ont été multipliées, tandis que d'autres dispositifs ont peu à peu asséché l'impôt pesant sur les revenus du capital. Les affaires de fraudes, les paradis fiscaux ont fini de dessiner une fiscalité à deux vitesses, avec la figure du rentier comme principal gagnant. 
La loi Tepa est venue conclure ce cycle. Le bouclier fiscal est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase des inégalités fiscales. Et ce vase est alors apparu au grand jour pour ce qu'il était : insupportable.  
A gauche comme à droite, le débat fiscal est désormais inévitable. Je m'en réjouis. D'autant que ce débat s'ouvre sous un jour d'avantage républicain : il ne s'agit plus d'évoquer la baisse des prélèvements, mais leur réorganisation dans leurs deux dimensions naturelles : comme source de financement de l'action publique et comme outil de lutte contre les inégalités.


Vous dites à gauche comme à droite. Mais la fiscalité demeure précisément l'un des principaux antagonismes idéologiques ?

V.D. : Il existe en effet des convergences et des divergences. Après deux décennies de reflux, un consensus s'est imposé pour faire reposer la fiscalité sur de larges assiettes, quand celles-ci s'étaient peu à peu réduites à des sous coupes. En revanche demeurent une divergence profonde. Les conservateurs prônent toujours un impôt neutre, c'est à dire une taxation proportionnelle, avec un seul taux, quand la gauche appelle elle à davantage de progressivité. Mais les lignes ont bougé. On assiste à la fin de la sacralisation idéologique. Les conservateurs s'autorisent à penser à la fin du bouclier fiscal, et le camp des progressistes peut réfléchir à la fin de l'ISF et même à une hausse de la TVA.

Parler de hausse de TVA à gauche, n'est-ce pas un gros mot ?

V.D. : La TVA est la principale recette pour l'Etat. Certains proposent la TVA sociale sous le signe de la compétitivité, comme le firent les Allemands début 2000, avec la réussite que l'on peut observer. 
En gros, il s'agit de transférer le financement des cotisations sociales qui pèsent actuellement sur les salaires, vers la TVA, c'est à dire sur la consommation. Bref, baisser le cout du travail pour les entreprises et fiscaliser les assurances sociales, qui au passage le sont déjà via la CSG. Traditionnellement, pour le camp progressiste cette option est considérée comme un sacrilège. Moi même j'avais du mal à dépasser la simple équation TVA=injustice. Mais il faut savoir sortir de l'a priori, mettre ses arguments à l'épreuve en se documentant sur la base d'une approche plus large, économique et sociale. C'est en examinant le fond de cette proposition et ses effets concrets ; comme l'impossibilité de répercuter la baisse des « charges » sur le travail non qualifié, le fait qu'on ne produit pas ce qu'on importe, ou encore le précédent de la baisse de la TVA sur la restauration (la compétitivité supplémentaire des entreprises de ce secteur ne s'est traduite ni en baisse des prix pour le client ni en hausse des salaires pour les personnels. La marge a été totalement captée par les propriétaires) que j'en conclus désormais qu'il faut refuser la TVA sociale, et pas sur un simple slogan.
.....




Vincent Drezet  (Syndicat national unifié des impôts) et Liêm Hoang Ngoc (député européen PS) publient le 21 octobre au Seuil, Il faut faire payer les riches.



16/10/2010
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