"Damned, je suis de gauche!

La révélation m'est venue, brutale, à la lecture du Monde, hier après-midi, qui publiait une tribune de Bertrand Delanoë, maire de Paris, intitulée: « Pour un congrès de vérité », un congrès du parti socialiste, bien sûr.  A la fin de la première colonne, le dirigeant socialiste écrit ceci: « Creuser les déficits, est bien une stratégie de droite: elle sert à justifier une réduction des solidarités et à réduire la place de l'Etat. Nous voulons, au contraire, réhabiliter un État performant au service d'une redistribution réelle. » Donc, dans la logique de ce raisonnement, être de gauche, c'est dénoncer les déficits et souhaiter leur disparition. Exactement ce que je souhaite, donc, CQFD, sans le savoir, je suis de gauche.

Ceci dit, tout le monde s'en fout. De gauche, de droite, l'essentiel est que l'idée fasse enfin son chemin. Les déficits à répétition nous plombent et nous plantent. On ne construit pas l'avenir en accumulant des dettes. On ne fait même pas face au présent. La question pétrolière le montre bien.

Lors des chocs pétroliers des années soixante dix, la France, qui avait des finances publiques saines, a pu soulager un l'économie du poids de ce fardeau en entretenant, par les déficits, un petit feu sous la consommation et l'investissement qui ont soutenu la croissance. Par maque de courage et de clairvoyance, le pris a été pris dans cette période de toujours faire du déficit. Ainsi, les quatorze années présidées par François Mitterrand et les douze par Jacques Chirac ont été caractérisées par cette fuite en avant qui a considérablement désorganisée nos finances publiques. Résultat: un nouveau choc pétrolier se produit, beaucoup plus considérable que ceux que nous avons connu il y a trente ans, et à part faire la manche auprès de Total, les pouvoirs publics n'ont aucune ressource pour faire face à l'évènement.

On mesure bien là le gâchis de toutes ces dernières années, la mauvaise gouvernance dont il faut, absolument, que nous sortions. Nicolas Sarkozy, installé à l'Elysée depuis un an, a promis que les comptes publics français seraient à l'équilibre en 2012. On peut douter qu'il en soit ainsi, chaque petit pépin ou désordre social  entraînant une distribution d'argent public. On ne se déprend pas comme cela d'une culture, et c'est bien elle qu'il faut changer.  D'où l'intérêt des quelques lignes lues dans l'article de Bertrand Delanoë.

Passons sur le côté caricatural de la pensée. La droite fait exprès, c'est un calcul, etc. La gauche aussi a fait du déficit, chaque année où elle s'est trouvée au pouvoir, consciencieusement, ajoutant sa pierre à l'édifice qui nous menace aujourd'hui. Gardons simplement l'idée. Dépenser plus que l'on ne gagne revient a toujours différer la modernisation de la puissance publique. Son inadaptation est directement liée à cette facilité qui conduit tous les gouvernements depuis trente ans à dépenser davantage d'argent qu'il n'en avait. Et du coup, très logiquement, ce mauvais service rendu à l'intervention publique perturbe la qualité du service qu'elle rend aux citoyens.

On pourrait ainsi varier à l'infini les arguments qui conduisent à dénoncer l'accumulation des déficits. L'idée, pourtant, semble faire son chemin, même si le rythme infiniment lent de la prise de conscience ne paraît pas convenir aux dangers que représente la situation."


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