633-Après le peuple le PS perd ses adhérents/ Chevènement dans Le Monde14posts


jeudi soir,le président:la première séance commence à 20h15 (dessin)chimilus pour 20 minutes

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Mehdi Ouraoui  Préface de Fançois Hollande

Mehdi Ouraoui est normalien, docteur en droit, il enseigne l'analyse du discours politique à l'Institut d'études politiques de Paris et à la Sorbonne.

Il a déclaré récemment à l'Hebdo des socialistes : " Le vrais danger serait de se replier  vers un socialisme gestionnaire en cédant sur les idées."

livremouraoui.jpgCet ouvrage réunit, pour la première fois. les discours des grands orateurs socialistes, de Jean Jaurès aux contemporains. Il retrace non seulement l'évolution de la pensée socialiste, mais surtout celle de la " parole socialiste " qui a marqué la gauche française tout au long du XXe siècle. Dans l'union et la division, au pouvoir et dans l'opposition, les socialistes ont transformé la société et la vie politique françaises. Cette anthologie du  siècle socialiste revient sur les moments importants qui ont jalonné l'histoire de ces hommes et de ces femmes qui ont adopté le projet de Jean Jaurès d'" aller vers l'idéal et de comprendre le réel ". Trois débats fondamentaux traversent l'histoire des socialistes, sur leur rapport aux institutions et à l'action politique, leur relation au progrès social et à la sphère économique. la place de la France en Europe et dans le monde. Au fil des discours présentés dans cet ouvrage, le lecteur pourra découvrir ou redécouvrir ces débats, ainsi que la construction et l'influence du langage socialiste depuis cent ans. Et s'il est une certitude, c'est que, pour les socialistes, le verbe est indissociable de l'action politique. Ce volume contient des discours de Jean Jaurès, Jules Guesde, Léon Blum, Léo Lagrange. Guy Mollet, François Mitterrand, Robert Badinter, Jacques Delors, Michel Rocard. Laurent Fabius, Lionel Jospin et Ségolène Royal.


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Je ne peux pas écrire ça,même si j'en avais envie.Je laisse Nicolas Domenach le dire à ma place...


Après le peuple, le PS perd ses adhérents

Les militants socialistes ont voté avec leurs pieds. Ils sont partis.

Ils ont fui, en masse, une organisation qui, il est vrai, n'a rien fait pour les retenir. Ce syndicat d'élus, ou d'aspirants à l'être, a tout pour rebuter ceux qui voudraient simplement militer, discuter, se former sans être affidés à un clan. Et c'est ainsi qu'un parti d'opposition, qui a pourtant gagné les municipales et qui devrait bénéficier de l'effet répulsif provoqué par Sarkozy, est passé de 238 520 adhérents à 165 083 en un an. Soit plus d'un tiers de chute ! Vertigineux…

Certes, tous les partis, si l'on excepte la formation trotskiste d'Olivier Besancenot, sont en crise et subissent de véritables saignées, que ce soit l'UMP, le MoDem ou le FN. L'époque n'est pas à la militance, et la démocratie médiatique achève d'écarter de la vie publique les électeurs consommateurs, hors période électorale justement. Certes encore, ce sont en majorité les militants dits à 20 euros qui ne sont pas restés. Ceux-là qui étaient venus pour Ségolène Royal et ont été mal accueillis, n'ont pas supporté la défaite, et encore moins la période de règlements de comptes qui a suivi, dont on n'est pas sorti d'ailleurs. Mais l'hémorragie militante est si large qu'elle ne touche pas seulement ceux qu'on surnommait méchamment «les touristes royalistes».

Même les vieux militants quittent le navire !


Il y a aussi des anciens, beaucoup d'anciens, qui ont fui, dégoûtés par l'immobilisme mollasson et satisfait, écoeurés par les querelles picrocholines et les détestations dantesques de dirigeants absorbés par la «foire des ego», selon le mot de Jean-Christophe Cambadélis qui tente, en vain pour l'instant, de dépasser ces dérisoires bisbilles fratricides.

On remarquera d'ailleurs que, même dans les départements où les victoires flamboyantes ont été remportées, les adhérents se sont envolés. Ainsi, à Paris où Bertrand Delanoë a triomphé, la fédération est passée de 20 000 membres à moins de 9 000 ! Dans le Rhône où Gérard Collomb a remporté un si large succès, même chute impressionnantes du nombre des adhérents. En Seine-Maritime aussi, chez Laurent Fabius, ce n'est pas mieux, en Côte d'Or, chez François Rebsamen le maire de Dijon, idem, et dans la Bretagne victorieuse c'est la même débâcle militante. Il n'y a guère que le Pas-de-Calais qui sauve les meubles de la vieille maison socialiste et s'impose à nouveau comme la première fédération avec 14 484 adhérents. Il est des traditions de gauche qui ne se perdent pas comme ça…

Un PS passé du rouge au rose-vert


Alors, est-ce que le PS, avec la préparation de son congrès, pourra faire revenir ces bonnes volontés repoussées ? On peut douter que la déclaration de principe puisse aimanter les âmes égarées Ce texte de redéfinition des bases idéologiques du PS qui doit être discuté puis adopté en juin, est en effet rien moins qu'attirant. Il est vrai qu'il n'est pas dans la tradition de faire sexy, à gauche, on a le respect du «texte de plomb», et s'il comprend 21 articles, c'est sans doute parce que l'assassin habite au 21. Survivre à cette lecture distingue. Si vous êtes allés jusqu'au bout, vous méritez la médaille Champollion du décrypteur d'idéogrammes socialo-socialistes.

On en retiendra cependant, pour les survivants, une double volonté, celle d'avancer vers le réformisme social-démocrate et d'intégrer l'exigence écologique. Voilà le PS rose-vert, mais plus rouge du tout. Le parti socialiste a abandonné ses «espérances révolutionnaires», et la lutte des classes en même temps.

Il se veut désormais ouvertement et clairement écolo-réformiste, et européen, puisqu'il réaffirme sa volonté de construire une Europe politique mais sans même préciser qu'elle devrait être sociale. On comprend que Jean-Luc Mélenchon, eurosceptique de gauche, se soit abstenu. N'importe quel techno-bruxellois pourrait adhérer à cette conception singulièrement fadasse du devenir européen. Mais cette évolution traduit bien le réformisme tiède du texte qui se veut «un engagement pour une humanité libre, juste, solidaire et respectueuse de la nature».

Une «clarification», applaudit le journal Le Monde. Sans doute. Mais une «boboïsation» confirmée qui laisse de côté le combat contre la mondialisation, très peu évoquée, ainsi que les couches sociales ouvrières, qui sont à peine mentionnées. Le PS qui a perdu le peuple s'est fait une raison. Et sa déclaration de principes est tout sauf une déclaration d'amour ou un appel vibrant à le rejoindre pour un juste combat. Enfin, au moins le débat s'engage. Ce n'est qu'un début…

Mardi 22 Avril 2008 - 12:51
Nicolas Domenach Marianne2,i<tele

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dessin de Delize yahoo! cartoons

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Un grand parti de gauche pour un New Deal

Tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans l'édition du Monde du 24 avril 2008.
L'électrochoc dont a besoin le Parti socialiste pour se reconstruire et l'emporter passe par une critique approfondie du capitalisme.


Un grand parti de gauche pour un New Deal
Certains, à gauche, comptent sur la puissance du rejet du pouvoir en place : il suffirait, à leurs yeux, que le Parti socialiste désigne demain un candidat crédible, en cohérence avec le projet social-libéral qu'il porte depuis 1983, éventuellement corrigé à la marge. Pour d'autres, les trois échecs successifs du candidat socialiste à l'élection présidentielle (1995, 2002, 2007) ne sont pas l'effet du hasard, mais la conséquence d'une rupture profonde avec les couches populaires que Ségolène Royal n'a comblé qu'en partie en 2007.

La reconquête de l'électorat populaire n'est pas possible à partir de l'existant. Elle passe par l'organisation d'un électrochoc puissant, débouchant sur la création d'un grand parti de toute la gauche, à condition bien entendu qu'il porte un projet à la hauteur des défis de la crise qui vient. Le mouvement socialiste, depuis les origines, n'a jamais fait l'économie d'une critique du capitalisme de son temps. La refondation de la gauche aujourd'hui ne peut davantage faire l'économie d'une critique approfondie de la globalisation.

Succédant à l'ère du New Deal (1945-1979), la globalisation libérale, voulue de longue date par les Etats-Unis, n'est pas qu'un phénomène économique - l'ouverture généralisée des marchés -, elle est aussi politique : elle ne marche qu'avec l'hégémonie des Etats-Unis, qui ont imposé le dollar comme monnaie mondiale et contrôlent, à travers leurs multinationales, l'essentiel des flux de richesses et notamment de matières premières. La globalisation, à travers la libération des mouvements de capitaux, a débouché sur la domination sans partage du capital financier. La crise financière actuelle trouve son origine dans le surendettement des ménages américains et dans les dérives de la sphère financière.

En réalité, les Etats-Unis n'ont plus les moyens de dominer seuls le monde. Leur politique de fuite en avant dans l'endettement intérieur et extérieur aussi bien qu'en politique étrangère, avec l'invasion de l'Irak, rencontre ses limites. La chute du dollar et l'enlisement militaire au Moyen-Orient rendent manifeste la "surextension impériale", dont l'historien Paul Kennedy avait eu l'intuition dès 1987. Les Etats-Unis cherchent en Europe des supplétifs, mais rien ne saurait enrayer la marche vers un monde multipolaire, avec la montée des grands pays émergents (Chine, Inde, Brésil, etc.) et le retour de la Russie.

La seule question qui se pose est de savoir si nous prétendons contrarier cette évolution en nous mettant, au nom d'un "occidentalocentrisme" à courte vue, à la remorque de la politique néoconservatrice américaine, au risque de tensions et de conflits multipliés, ou si, au contraire, nous voulons que la France et l'Europe tiennent leur rôle pour faire prévaloir le dialogue des cultures et l'autorité du droit international sans lequel il ne peut y avoir de paix durable dans ce monde multipolaire. Ce choix est crucial. Il ordonne toute la politique française. Il n'est pas moins décisif pour la réussite d'un processus de refondation de toute la gauche.

Celle-ci, en effet, doit s'appuyer sur la crise de la globalisation financière pour dessiner les contours du monde nouveau. Les institutions internationales, qui sont au coeur de la globalisation (FMI, OMC), sont en pleine crise : le FMI, contrôlé en fait par les Etats-Unis qui y disposent d'un droit de veto, est frappé d'impuissance et personne n'imagine plus qu'une relance de la croissance puisse résulter d'une nouvelle libéralisation du commerce international. Les pays les plus libéraux aujourd'hui n'hésitent plus à recourir à l'intervention publique, comme si les nationalisations redevenaient légitimes, dès lors qu'il ne s'agit plus que de nationaliser des pertes.

La grande crise qui vient amènera un réexamen critique de tous les postulats libéraux (libre-échangisme, effacement de l'Etat, rejet des politiques industrielles au nom de la "concurrence"). Les règles de l'organisation monétaire et du commerce international sont à revoir. Un grand parti de toute la gauche, en France, doit se donner pour visée l'organisation d'un nouveau New Deal à l'échelle mondiale. Cette nouvelle donne monétaire, sociale, environnementale, implique la réunion de grandes conférences internationales entre pays industrialisés et pays émergents. Encore faut-il pour cela qu'une volonté politique s'exprime. Sinon à quoi servirait la gauche ? Et à quoi servirait la France ?

C'est cette visée qui donnera toute sa puissance et sa légitimité à l'effort de conviction que la gauche devra déployer aussi bien en France vis-à-vis du monde du travail qu'au plan international vers les formations progressistes et vers les pays émergents. C'est ainsi que la gauche française pourra donner une juste perspective aux luttes sociales, particulièrement en ce qui concerne les délocalisations et la préservation, en France et en Europe, d'un tissu productif moderne. La gauche française doit construire autour d'elle une vaste "alliance des productifs".

Les institutions européennes auront à se réformer au feu de la crise. Le recentrage de l'Allemagne sur l'Europe, auquel nous devons contribuer, sera déterminant. Pour maintenir le tissu industriel, l'Etat ne devra se priver d'aucun moyen. Cette nouvelle donne suppose que la gauche française se réapproprie la tradition généreuse de Jaurès qui n'a jamais opposé l'internationalisme et la nation.

Ainsi, c'est à travers la conscience d'une tâche historique exceptionnelle qu'on relèvera la gauche. Je suis convaincu que l'organisation, dans tout le pays, de "forums de l'unité", dès lors que seront abordés les débats de fond, permettra d'attirer des milliers de sympathisants aujourd'hui encore sur le reculoir. Nous créerons ainsi un mouvement irrésistible vers cet "événement-électrochoc" que serait une nouvelle refondation de la gauche, à l'image de celles qui, de 1905 à 1971, ont rythmé son histoire.

Un tel parti doit s'ouvrir à toutes les sensibilités. En effet, un "parti révolutionnaire" dressé contre un parti "social-libéral" ouvrirait un boulevard à la droite. Les communistes, dont l'histoire a eu sa grandeur, trouveront mieux qu'un rôle d'appoint au PS dans la création d'un grand parti de toute la gauche. L'expérience montre que le dialogue entre des sensibilités radicales, voire utopiques, et des sensibilités plus gestionnaires peut être fécond au sein d'une même organisation.

Une phase intérimaire de type fédéral ou confédéral entre les parties constitutives est peut-être inévitable, mais le temps presse. Les échéances sont proches. Ne sous-estimons pas les capacités de rebond de Nicolas Sarkozy. Créons, pendant qu'il en est temps, l'élan nécessaire. Construisons une véritable alternative en prenant appui sur les intérêts indissociables de la France et du monde du travail.

Jean-Pierre Chevènement 13 avril 2008



23/04/2008
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