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Maires à l'épreuve

Voici une  bonne analyse des municipales.L'idée de ce billet courait dans ma tête mais je ne saurais mieux faire.Mon article aurait été beaucoup plus régional et local,ce qui m'aurait valu des accusations de parti pris....Bref,papier à lire et à déguster avec un regard sur les villes voisines.Au fond pourquoi ne pas reprendre cette analyse et la décliner pour notre région? Je m'y mettrais si c'est nécessaire.Qu'en dites vous?                       Marc Baldy

    


Il était urne fois 

                       






Kezaco



Les murmures d'Eric Dupin


    "Le pesant contexte national n'empêchera pas les facteurs locaux d'influer sur le résultat des élections municipales. Même dans les communes urbaines où le scrutin est politisé, l'électeur sanctionne la performance de son maire. Si la gauche a toutes les chances d'agrandir son territoire communal en mars, les basculements de villes ne seront pas à sens unique. L'équation locale produit toujours des mouvements à contre-courant de la tendance nationale.

    La théorie des « cycles municipaux », formulée par Pierre Martin, explique ces spécificités locales (1). Etudes statistiques serrées à l'appui, le politologue démontre tout d'abord que l'impact personnel du maire sortant est maximal à l'issue de son premier mandat. Ce facteur est, en règle générale, positif. L'auteur évoque même un « état de grâce » qui durerait tout au long de cette première phase d'exercice du pouvoir. Le maire nouvellement élu acquiert automatiquement une forte notoriété qui l'avantage ensuite sur ses concurrents. Un atout plus présent dans les grandes cités, où rares sont les personnages connus de l'électeur moyen, contrairement à ce qui se passe dans les communes rurales.

    Selon ce schéma, la réélection probable des socialistes Bertrand Delanoë, à Paris, et Gérard Collomb, à Lyon, ne saurait surprendre. Ces deux édiles du PS ont été élus de justesse en 2001, mais ils ont ensuite réussi à incarner leur ville. En fin de premier mandat, ils n'apparaissent guère menacés.

    Dans certains cas, toutefois, l'impact personnel du maire peut se révéler négatif ou insuffisamment positif pour assurer sa première réélection. A Strasbourg, Fabienne Keller (UMP) ne s'est pas assez imposée pour être à l'abri d'une défaite et d'un retour de la gauche à l'hôtel de ville. A Rouen, Pierre Albertini (divers droite) est, de l'avis général, en danger d'être battu après avoir été élu de justesse il y a sept ans (51,3 % des suffrages exprimés).

    La thèse du cycle municipal stipule encore que les maires ne peuvent compter sur une prime à l'ancienneté. Au contraire, le phénomène d'usure du pouvoir les guette tous, même si leur manière d'agir peut en différer les conséquences. Autrement dit, il faut être vraiment mauvais pour être battu à l'issue de son premier mandat. Mais il faut être très bon pour être réélu à de nombreuses reprises.

    Vues de près, les causes d'un échec municipal sont rarement mystérieuses. Trois facteurs principaux mettent en danger une équipe sortante. Il y a d'abord les divisions qui la minent, notamment en écho aux dérives autoritaires de l'édile. Battue aux dernières élections législatives, l'UMP Brigitte Le Brethon part en position défavorable à Caen en raison de la division de la droite. A Reims aussi, les conflits internes à la majorité de droite pourraient lui coûter une ville conservée de justesse en 2001 (51,6 %) et où, de plus, le maire ne se représente pas.

    Or cette absence dans la compétition du vainqueur précédent est un second facteur de fragilité pour l'équipe en place. Une gauche gravement divisée risque d'en faire les frais à Belfort où Jean-Pierre Chevènement (MRC), élu maire en 1977, ne se représente pas. A Dieppe, c'est le PCF qui pourrait tirer profit, à la tête d'une liste d'union de la gauche, de l'absence d'un maire sortant lourdement battu aux législatives et remplacé par un candidat de droite qui peine à assumer son bilan.

    Le mandat de trop est la troisième raison classique d'une déroute municipale. Même doté de réelles qualités politiques et/ou managériales, un élu finit toujours pas lasser l'électeur. Jean-Marie Rausch (divers droite) tente le diable, à Metz, en postulant à un septième mandat à soixante-dix-huit ans. A Nancy, la présence de la soeur de Rachida Dati sur la liste d'André Rossinot (UMP), candidat à un cinquième mandat, ne le met pas à l'abri de la défaite dans une ville où la gauche s'est renforcée lors des derniers scrutins.   

    Pour lutter contre l'usure du pouvoir, une stratégie prisée de longue date par les élus locaux est celle de l'ouverture. Elle a été mise en oeuvre par Jean-Claude Gaudin (UMP) à Marseille, en fin de deuxième mandat, avec le ralliement de l'ancien dirigeant socialiste Philippe Sanmarco. Mais son adversaire socialiste lui a rendu la monnaie de sa pièce en séduisant un ancien proche de Charles Pasqua. Les Marseillais arbitreront peut-être ce duel en pensant à la gestion municipale concrète...

    Certaines villes, où existe une discordance entre le tempérament local et la couleur du maire, résisteront, enfin, difficilement à une remise en cohérence dans l'hypothèse d'une forte poussée générale de la gauche. On songe ici à Toulouse, gérée par la droite depuis 1971, mais qui a toujours penché à gauche et où l'impact personnel de Dominique Baudis a disparu. De même, Saint-Brieuc, où la gauche totalisa 58,4 % des voix au second tour de la présidentielle, pourrait revenir dans le giron socialiste. La raison locale doit être forte pour conjurer une puissante dynamique nationale." Eric Dupin

(1) Pierre Martin, « Les Elections municipales en France depuis 1945 », La Documentation française, 2001.

Article publié dans Les Echos du 15 février 2008.


   




15/02/2008
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