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La guérilla suburbaine des «lascars» fait tache d'huile


Les émeutes prennent de l'ampleur. 120 policiers ont été blessés. Que cherchent donc à dire, les «lascars»?


La TRIBUNE de GENEVE

La flambée de violence qui a sévi dans la nuit de lundi à mardi, à Villiers-le-Bel, affiche un lourd bilan: 63 voitures incendiées et 120 policiers blessés, dont trois grièvement.


«Qu'ils brûlent un commissariat, je peux comprendre. Mais une bibliothèque et une école maternelle, là je suis dépassée! Comment va faire ma nièce pour lire, maintenant?» Cette mère de famille d'origine algérienne désigne d'un geste désabusé ce qui reste de la bibliothèque et de l'Ecole maternelle Louis-Jouvet, un joyau dont le maire socialiste de Villiers-le-Bel était particulièrement fier. Seuls subsistent les murs noircis. A l'intérieur tout a été brûlé par des cocktails Molotov.

D'autres bâtiments publics de Villiers-le-Bel et de cinq communes voisines l'émeute fait tache d'huile ont subi le même sort durant la nouvelle flambée de violence qui a sévi dans la nuit de lundi à mardi. Bilan: 63 voitures incendiées et 120 policiers blessés, dont trois grièvement. Certains ont essuyé des coups de fusil de chasse.

Un père de famille du quartier de la Cerisaie déplore les violences, mais prend la défense de ceux qui s'appellent «les lascars»: «Que voulez-vous... quand on a mal, on fait n'importe quoi.» Mais mal à quoi? Le maire adjoint communiste de Villiers-le-Bel, Maurice Bonnard, dresse ce constat. «Mal au chômage tout d'abord, près de 25% des jeunes n'ont pas de travail. Au logement aussi, malgré tous nos efforts, nous n'arrivons pas à construire suffisamment de logis sociaux. Certains doivent se tasser à trois ou quatre dans une pièce. Il faut dire que Villiers-
le-Bel appartient à la communauté d'agglomération (ndlr: 140 000 habitants) la plus pauvre de France! Mardi matin, le premier ministre François Fillon est venu nous dire que le
gouvernement allait débloquer des moyens. On verra bien...» Toutefois, il ne peut expliquer entièrement ce mal-être à la fois violent, diffus et confus.

Une révolte sans mots

Car les «lascars» n'émettent pas de revendications claires. Ils ne mettent pas de mots sur leur révolte. Et leurs manifs ne ressemblent en rien aux défilés habituels. Ils attaquent les CRS, non pas frontalement mais par embuscades. Les «lascars» déboulent là où les forces de l'ordre ne les attendent pas. L'affrontement est alors bref et brutal. D'autant plus que ces jeunes paraissent pour la plupart rompus aux sports de combat. Cette guérilla suburbaine se révèle d'une redoutable efficacité car mardi matin, la police n'a procédé qu'à six interpellations.

La flambée commence le soir. Elle est précédée l'après-midi par une sorte de spirale de la rumeur à propos de l'accident qui a coûté la vie à Mouhsin et Lakhmi (15 et 16 ans) lors d'un choc entre leur minimoto et une voiture de police, dimanche à Villiers-le-Bel. Ces rumeurs se déclinent sur un seul thème: les flics sont coupables d'avoir tué les deux jeunes. Elles se colportent par téléphone mobile et enflent à chaque appel. Puis, lorsque la rage a atteint son point d'ébullition, les violences démarrent. Elles visent tout ce qui représente pour les «lascars» l'Institution, sans distinction: les policiers, mais aussi les pompiers. Et les journalistes qui sont de plus en plus agressés. Les «lascars» ne supportent pas que leur version ne soit pas la seule à être mise en avant.



28/11/2007
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