458-Lièvremont-N'tamak après Laporte

Lièvremont succède à Laporte

24/10/2007 - 18:04 Par SYLVAIN LABBE
De Sports.fr
<Bernard Lapasset, le toujours président de la fédération française (FFR), a officialisé mercredi, depuis Tarbes, ce qui ne faisait plus aucun doute. Marc Lièvremont, assisté d'Emile Ntamack et Didier Retière, succède à Bernard Laporte à la tête du XV de France, éliminé en demi-finale de la Coupe du monde. Un trio inexpérimenté qui aura pour délicate mission de repenser le jeu des Bleus et pourra s'appuyer pour cela sur un projet de fond destiné à uniformiser toute la filière des équipes de France.

A bientôt 39 ans, Marc Lièvremont prend la tête du XV de France. (Sud-Ouest)A bientôt 39 ans, Marc Lièvremont prend la tête du XV de France. (Sud-Ouest)
C'était devenu ces derniers jours un secret de polichinelle. Marc Lièvremont, a été nommé mercredi, à Tarbes, où se tenait le Comité Directeur de la Fédération française (FFR), nouveau sélectionneur national. Toutefois, et alors que l'on attendait la nomination d'un duo, c'est bien Marc Lièvremont qui endosse seul la fonction et succède ainsi à Bernard Laporte à la tête des Bleus, éliminés il y a deux semaines en demi-finales de la Coupe du monde et battus pour la troisième fois en sept matches lors de la petite finale face aux Pumas. L'ancien flanker sera assisté dans sa tâche par Emile Ntamack et Didier Retière, respectivement en charge des lignes arrières pour le Toulousain et des avants pour Retière. A 39 ans - il les aura dimanche - l'aîné des frères Lièvremont, passé par Perpignan, le Stade Français, avec lequel il fut sacré champion de France, et Biarritz, devait débuter la saison de Top 14 vendredi à la tête de l'US Dax face à Toulouse. Changement de cap, le voilà propulsé dans le grand bain international!

On attendait Saint-André, Galthié, Novès voire même Lagisquet, autant de techniciens réputés, aux riches palmarès et dont l'expérience constituait d'évidence un atout à l'heure de la décision finale. Le choix effectué par Bernard Lapasset, futur président de l'IRB, assisté dans sa réflexion par Jean Dunyach, le manager administratif des Bleus, et surtout par Jean-Claude Skrela, le Directeur technique nationale (DTN), n'en marque qu'un peu plus la rupture après huit années de règne d'un Laporte ultra-médiatique et incontournable dont l'image n'aura cessé d'écraser l'équipe de France. Et même si le secrétaire d'Etat aux Sports validait ce week-end les noms de ceux qui n'étaient encore que deux postulants en déclarant: "Quand on entraîne l'équipe de France des moins de 21 ans (champions du monde en 2006) comme le fait Emile Ntamack, on peut entraîner le XV de France. Les retours que j'ai au sujet de Marc Lièvremont, qui réussit de belles choses à Dax, sont très bons, on dit de lui qu'il est compétent, passionné.", on ne peut s'empêcher de voir à travers la nomination de Lièvremont et de Ntamack une défiance à l'égard de Laporte qui incarnait à n'en pas douter une toute autre famille du rugby français et surtout d'autres méthodes...

La DTN prend la main

Loin du discours convenu qui s'entêtait à décrire, malgré les apparences, un sélectionneur travaillant main dans la main avec Jean-Claude Skrela, la collaboration entre Bernard Laporte et la DTN aura été réduite à sa plus simple expression. L'arrivée à la tête des Bleus de Marc Lièvremont et d'Emile Ntamack marque de manière indéniable la prise d'influence de la DTN, les deux techniciens ayant fait leurs premières armes dans le giron de celle-ci, Lièvremont ayant en charge l'équipe de France des moins de 21 ans de 2003 à 2005 avant que Ntamack, s'appuyant sur le travail de son prédécesseur, ne prenne le relais en compagnie de Didier Retière avec la réussite que l'on sait et le titre de champion du monde de la catégorie en 2006. Un titre qui consacre la génération emmenée par Lionel Beauxis et Loïc Jacquet, appelée à fournir les nouveaux visages du XV de France...

Lièvremont (39 ans, 25 sélections entre 1995 et 2000) et Ntamack (37 ans, 46 sélections entre 1994 et 2000) partagent plus que leur courte expérience à la tête des jeunes pousses tricolores puisqu'ils ont tous deux porté le maillot bleu et furent coéquipiers sous les ordres de... Jean-Claude Skrela et de Pierre Villepreux lors de la Coupe du monde 1999 dont les Français furent finalistes. Mais c'est bien sûr leur inexpérience qui saute aux yeux. Si Ntamack a lui su mener ses petits Bleus sur le toit du monde lors de la Coupe du monde des moins de 21 ans en France, "Milou", qui occupait jusqu'à aujourd'hui les fonctions d'entraîneur des espoirs au Stade Toulousain, n'a à ce jour jamais entraîné au niveau professionnel. Quant à Lièvremont, s'il a déjà entraîné en Pro D2 sur le banc de Dax, son vécu se résume à deux saisons, il est vrai conclues par deux finales d'accession, la première perdue et la seconde gagnée, le club des Landes effectuant cette saison son retour dans l'élite.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les deux hommes, qui auraient insisté pour que Didier Retière, complice de Ntamack auprès des moins de 21 ans sacrés champions du monde et ancien entraîneur de France A, les accompagne dans l'aventure, arrivent plein de fraîcheur. Ce qui dans le contexte actuel n'est sans doute pas la moindre de leurs qualités. Et l'exemple d'un Pierre Berbizier, nommé à la tête des Bleus en 1992 sans la moindre expérience, montre qu'un tel raccourci dans la carrière n'a rien de rédhibitoire.

Sella manager des moins de 20 ans

Lièvremont et Ntamack du maillot bleu au banc du XV de France.Lièvremont et Ntamack du maillot bleu au banc du XV de France.
Pour autant, et par-delà la présence du bon vieux "Monsieur Jo" - on veut bien sûr parler ici de Jo Maso que Bernard Lapasset, dans sa grande mansuétude avant de rejoindre Dublin et l'IRB, a prolongé dans ses fonctions - ce duo de novices, propulsé dans le grand bain international, aura besoin d'être épaulé par un référent. Un rôle de chaperon que Jean-Claude Skrela, riche de ses quatre années passées à la tête de la sélection (1995 à 1999), devrait pleinement assumer. Trop heureux de pouvoir mettre enfin en application son projet de rapprochement entre les différentes équipes de France afin que soit décliné un seul et même style de jeu sur l'ensemble de la filière internationale. La nomination de Philippe Sella en tant que manager des moins de 20 ans, entraînés par les deux Philippe, Boher (ex-Usap) et Agostini (ex-Clermont), constitue également dans cette optique un signe fort, l'ancien centre aux 111 sélections, intégrant également le comité de sélection.

Une intention louable, nécessitant une collaboration pleine et entière entre l'équipe de France et les clubs telle qu'elle peut se pratiquer en Angleterre et comme nous l'a décrivait Olivier Magne: "Quand un entraîneur vient chaque semaine dans les clubs voir les joueurs internationaux ou les plus jeunes, susceptibles d'intégrer la sélection, voir où ils en sont et les faire progresser, c'est forcément rassurant." Mais un plan qui pourrait souffrir d'un durcissement de la position de la Ligue ulcérée d'avoir été écartée du débat autour du choix du sélectionneur. On peut comprendre le mécontentement, pour ne pas dire plus, de Serge Blanco, président de la LNR mis devant le fait accompli par Lapasset qui réclamerait aux clubs de nouveaux efforts. La tâche de Lièvremont et de ses adjoints, qui débutera en février prochain par le Tournoi des Six Nations 2007, s'annonce immense et il n'est pas certain que toutes les bonnes volontés se mettent à leur service...


24/10/2007
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