374-chronique de vacances par Bernard Dugué (Agoravox le media citoyen)

L'actualité mérite parfois quelques détours et quelques propos légers, anodins, ironiques, histoire de surfer sur l'air du temps et de prendre quelque distance avec le sérieux des analyses sur la société, la politique. La France se prépare à switcher sur les vacances. Voici quelques chroniques variées sur différents sujets.

La messe du 20 heures. Sur les campings de Palavas à Plougastel, juste après l'apéro, les campeurs allument le poste, comme d'ailleurs tous ceux qui ont loué une résidence, sans oublier ceux qui ne sont pas en vacances. La politique est mise en suspens. Les journalistes sont en vacances. Merde, il faut bien alimenter les journaux.

Les bookmakers londoniens s'en foutent, pourtant ils pourraient parier sur les faits que la télévision publique de chez nous s'apprête à relater. C'est le hasard. Mais déjà, le ton est donné avec le premier incendie, avec son cortège de pompiers, de riverains et de flammes ayant franchi le seuil médiatique pour une retransmission à la une des journaux.

Ainsi, l'été a commencé. Bon, que nous réserve la suite ? Il n'y aura pas de canicule comme en 2003, mais on peut être sûr que dès les 35 °C, une semaine prochaine, entre le 15 juillet et le 15 août, le niveau d'alerte sera atteint. Excellent sujet. Les journalistes pourront sortir le petit vieux du coin et surtout, des vieilles dames dans les maisons de retraite terrorisées par les aides-soignantes sous prétexte qu'elles n'ont pas bu leur verre d'eau.

Mais cela ne fait que deux sujets. Merde, il en faut plus pour remplir un JT tous les jours. Réfléchissons. Le 7 juillet, les juilletistes, et le 4 août les aoûtiens, voilà quelques thèmes. Souhaitons que bison futé broie du noir. Le sujet à traiter est simple. Du pain béni pour les jeunes stagiaires du journalisme. Aller à l'épicentre du bouchon sur l'autoroute. Pendant ce temps, à Rosny-sous-Bois, le journaliste, dans son bocal climatisé, reçoit les informations centralisées et peut délivrer les chiffres du bisonthon. 500, 700 kilomètres de bouchons, va-t-on battre un record ? Le journaliste climatisé doit ce privilège à son ancienneté, pas comme le stagiaire qui sue et, en plus, exerce un métier à risques. Enfin, en théorie. Parce que lorsqu'on interroge le type qui vient de Lille, dans sa vieille caisse pourrie, pas climatisée, qui vient de subir sept heures de bouchons, alors qu'il avait suivi les conseil de bisons futé, levé depuis 4 heures du mat ; ajoutons une température de 35 °C, les mômes derrière qui n'ont pas arrêté de brailler, le chien assoiffé qui ce cesse d'aboyer, les 45 minutes de queue pour faire le plein ; eh bien ce jeune stagiaire, au sourire estampillé, qui demande au gars bloqué à Vienne après 15 heures de route si le voyage se passe bien, il risque de se recevoir un pain dans la gueule. Espérons qu'il aura bien suivi ses cours de journalisme et qu'il ne tentera pas le diable. La chaîne ne lui en demande pas tant. Qu'il interroge un couple de quinquas dans une BMW climatisée, pas pressés, cool, zen, le type sympa, stoïque et pondéré qui sourit à la caméra, éructe deux banalités, et le sujet sera bouclé.

Autres marronniers, la drague sur les plages, les fêtes balnéaires. Et qui sait, un coup de froid en Bretagne, 8 °C le matin un 3 août, du pain béni pour les rédactions. Sinon, un bon orage, qui pète, avec quelques morts foudroyés.

Que reste-t-il comme sujets ? Cette année, le gouvernement et les députés travaillent ferment. Voilà de quoi faire du remplissage, mais jusqu'à fin juillet. Heureusement, quelques cygnes sauvages atteints du H5N1 ont décidé de s'échouer dans un coin de France. Alors alerte et, comme statistiquement, il est probable qu'on trouve d'autres volatiles crevés dans un coin de Navarre, alors c'est du bon, du sujet, du reportage, et mieux si un élevage est décimé. On enverra un reporter spécial qui filmera les pédiluves. Du lourd, du très lourd, spécial JT grand cru.

Ensuite, restent les surprises, les sujets complètement inattendus, que même un scénariste de Hollywood il serait incapable d'imaginer. C'est arrivé, quelques étés, par exemple le Rainbow Warrior, qui a occupé les infos pendant les vacances en 1985. Et en 2003, un fait divers impliquant Bertrand Cantat à Vilnius, 2003, l'année de la canicule aussi, un grand cru cette année, avec en plus les indispensables incendies.

En 2007, rien ne permet de prédire quels seront les grands événements dont la presse a besoin pour se nourrir, à l'instar de la mouette qui traque les sardines. Parmi les décès probables, aucune personnalité n'a l'envergure pour occuper les médias, pas plus Raymond B. qu'Ariel S.....

à suivre sur Agoravox



10/07/2007
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